Totsuka Tatara est un jeunot aux hobbies de vieux. Échec, bonzaï, films et énigmes, tout dans ses goûts le caractérise comme plus âgé qu'il ne l'est. Ainsi le voir tenter de nouvelles expériences n'était pas vraiment une première pour les membres de HOMRA. Sans doutes retenaient-ils en souriant cette leçon de Skatte que le blondinet avait tenté de prendre en compagnie de Yata, qui s'était foutu de lui tout en l'aidant. C'était mignon tout en étant diablement pathétique. Enfin bref, tout ça pour dire que l'étrangeté était une facette normale de la personnalité du guitariste. Normale oui, mais pas pour autant logique. Car quelle logique trouvait-il à filmer le billard de HOMRA depuis 5 minutes alors que personne -oui oui, personne- ne jouait? Aucune, on est d'accord et pourtant il le faisait. Artiste incompris? Certainement. Ou alors était-il simplement dans une phase d'entrainement au focus, en se concentrant sur tout ce qu'un billard pouvait lui apporter? Mouais... Dans tous les cas, c'était bizarre. Mais l'étrangeté de ses actions lui permettait au moins de ne pas s'ennuyer, car HOMRA était bien vide de membre en ce début de matinée. Une désolation pour le caméraman qui pouvait profiter de son ami le barman certes mais ne souhaitait pas rester pour l'embêter alors que de potentiels clients pouvaient débarquer. Chose qu'il pensa lorsqu'il entendit la prote du bar s'ouvrir pour se refermer.

Surement un client....

« Yata-chan ! Où étais-tu passé, hier ? »

... ou pas. En un instant, le visage de Totsuka s'éclaira. Son petit Yata qui lui avait tant manqué la veille était de retour! Au caméraman alors de lui jouer un mauvais tour. Non. Pas tout de suite. Il était tout simplement ravie d'entendre la voix de son ami à travers la porte. Mais concentré sur sa tâche -filmer une table de billard vide- il décida de laisser de côté pour une minute encore l'arrivé du jeune skatteur pour terminer son film. Il en avait pour trente secondes maximum, juste le temps de finir proprement ses réglages et il irait ensuite voir son compagnon. Il se concentra pourtant sur ce qui se passait derrière la porte de la salle de billard, et entendit quelques pas se rapprocher. Se doutant qu'il s'agissait du roux, il s'apprêtait à éteindre sa caméra lorsque la porte s'ouvrit.

Automatiquement, il tourna la tête vers le nouvel arrivant, un sourire rayonnant coincé sur ses lèvres.

« Mon petit Yacchan!! » S'exclama t-il pour lui faire part de sa bonne humeur.

« Totsuka-sa-an...? »

Le ton douteux de skateur interpela immédiatement le guitariste. Un voix tordu par quelque chose d'incompréhensible dans sa gorge. Yata porta une main à sa bouche, Totsuka comprit instantanément que quelque chose n'allait pas. Et lorsqu'il aperçu les yeux de son cadet s'embrumer de larmes, lorsqu'il les vit se teinter très légèrement de rouge alors qu'une goute d'eau salée perlait sur sa joue, il éteint sa caméra. Son sourire rayonnant ne s'enfuit pas, il le conserva là, ancré sur ses lèvres, accompagné d'un regard protecteur alors que son ami fondait devant lui. Bien entendu, une certaine inquiétude le gagna mais il sentait Yata terriblement nerveux et perdu. Il ne fallait donc pas le faire fuir en le harcelant de questions délicates.

Lentement, il se déplaça à la hauteur de son ami pour se pencher à sa hauteur, inclinant la tête pour mieux le regarder, et planté son regard calme dans celui incertain du jeune membre de HOMRA. Il vit son corps tressaillir, tremblant, s'enchainant pour ne pas faire demi tour. La présence d'Izumo devait le gêné et sans doute ne voulait-il pas qu'on le voit comme ça. Ce qui était compréhensible. Car pour que Yata arrive dans un tel état de confusion si tôt le matin et se permette de laisser couler ses larmes en présence de son aîné, c'est que quelque chose était arrivé. Quelque chose d'important.

« Pardon, pardon, c'est - j'sais même pas pourquoi je pleure... J'pleure même pas ! C'est... le Soleil. »

Un petit rire attendrit quitta les lèvres du blond qui s'étirèrent en un sourire qui se voulait rassurant. Il glissa une main sur le haut du crâne de son ami, pour le tapoter amicalement.

« Tu devrais aller t'assoir alors. » Dit-il de son ton calme en désignant d'un petit coup de la tête le canapé qui trônait derrière le billard « On est à l'abri du soleil là-bas. » Lui glissa t-il gentiment.

Il lui adressa un dernier sourire avant de retirer sa main de son crâne et de quitter délicatement la pièce, caméra en main. Il retourna auprès d'Izumo pour lui adresser un sourire chaleureux et déposa sa caméra sur le bar, portant lentement un de ses index devant ses lèvres, incitant le silence à son compagnon. D'un geste de la tête il désigna le billard, faisant comprendre au barman qu'il avait besoin d'un peu d'espace. Une moue penseuse traversa les yeux du propriétaire qui se contenta de fermer les yeux calmement et de sourire au blond en guise de réponse. Un petit sourire moqueur mais gentil.

Totsuka retourna alors immédiatement auprès de Yata, prenant soin de fermer lentement la porte derrière lui et se posta de nouveau aux côtés de son camarade, qui tremblait toujours.

« Respire Yata. » Lui susurra t-il à l'oreille avant de lui poser une main amicale sur l'épaule.

Il n'attendit pas que ses larmes cessent de couler et alla s'assoir sur le canapé où il avait inviter son ami à le rejoindre. Yata avait un problème. Mais qu'il pleure faisait agir Totsuka avec prudence, pour ne pas l'effrayer. Le mettre en confiance et le calmer était le premier objectif du blond, qui malgré son inquiétude grandissante, souriait posément. Mais bien sûr, arrivé au canapé et simplement installé, Totsuka sentit un petit frisson d'angoisse le parcourir alors qu'il voyait de loin les larmes de son camarade couler. Et l'angoisse attire souvent l'adrénaline. Ainsi par pur instinct d'anxiété, le plus vieux décida d'attirer également l'attention de son cadet autre que sur le canapé.

« Yacchaaaaaaan!! » Geint-il en s'afessant dans sur le sofa « Papa se sent seul! Viens sur mes genoux! »

Un plaisanterie qui, il l'espérait, serait accueillit sans amertume. Il ne cherchait pas à taquiner le rouquin, il voulait simplement lui laisser deux minutes de réflexion sur le fait que le blond était un abrutit et qu'il ne s'embarrasse pas de pleurer comme ça devant lui. Il ne voulait pas détendre l'atmosphère, mais au moins inciter son ami à le rejoindre sur le canapé, sans qu'il ne se sente oppressé ou jugé par le musicien. Il termina bien entendit sa phrase par un faux gémissement de plainte, comme un enfant à qui on aurait confisqué son jouet.

Il tendit bêtement les mains vers Yata, appuyant pourtant ses dires sur le fait qu'il voulait qu'il le rejoigne et qu'ensuite il puisse le mettre en confiance. Et même si l'attitude de Totsuka paressait quelque chose calme et certes il réfléchissait comme un adulte à la manière de prendre soin de son cadet, sans même connaître les fondements de ses sanglots, il restait extrêmement inquiet, sans vraiment le montrer. Rendez-vous compte, il était à peine 9h00 et Yata était en larmes devant lui. Tous les sourires du monde aussi sincères soient-ils ne pourraient effacer cette vision piquante qu'il avait sous les yeux.

HRP:

Spoiler:

Yatagarasu Misaki. Tête brulée, rebelle et cascadeur de première, terriblement simple à taquiner, affreusement impulsif et dévoué en tous points au roi rouge. Relativement jovial, un sourire toujours déterminé et parfois taquin le caractérisant si bien, une grande gueule, des mimiques adorables et en même temps une certaine sensibilité envers ses camarades. Mais quiconque l'aurait vu dans la seconde ne l'aurait pas reconnu. Totsuka connaissait Yata et le savait sensible, toujours en le cachant, mais là. Là il pouvait voir la détresse de son ami. Là, il admirait ses larmes couler à flot le long de ses joues qui se teintaient de rouge, sans doute de honte. Il entendait sa respiration sifflante alors qu'il sanglotait, son regard perdu où aucunes émotions n'arrivaient réellement à se fixer, tant elles changeaient rapidement. Peur. Honte. Tristesse. Mais jamais une seule lueur de calme. Yata pleurait. Devant Totsuka. Une scène des plus dérangeante pour le guitariste qui plus tôt l'avait invité à le rejoindre dans le canapé. Et le jeune skateur décliné en grimaçant l'invitation. Ses bras pendaient le long de son corps et ses larmes qu'il avait tenté d'absorber avec son pull revenaient toujours plus grosses et plus lourdes.

« J'crois que j'ai fait une connerie... »

Le sourire du guitariste disparut lentement, reprenant son sérieux, signifiant à son cadet qu'il était plus que près à l'écouter. Mais si ses lèvres se détendirent, c'était aussi à cause de cette voix tremblante qu'avait Yata.

Le skateur finit par abandonner, il laissa ressortir ses larmes et s'avança aux côtés du caméraman qui le sentit s'assoir très lentement sur le canapé à ses côtés. Il le couva du regard, sans le presser et sans le mettre mal à l'aise, juste avec cette lueur calme qui dansaient dans ses yeux. Yata raconta alors ce qu'il avait fait. Qu'il désirait trouver un cadeau pour le vassal rouge et qu'il avait rencontré Saruhiko Fushimi. Et entendre ce nom quitter les lèvres du petit rouquin n'étonna pas tellement Totsuka. Rares étaient les fois où Misaki n'allait pas bien. Mais ces rares fois étaient parfois liées à Fushimi, à sa trahison et à... leur amitié qui n'était plus. Attentif, le blond entendit le souffle de son cadet le couper, de manière aléatoire, et il laissait toujours couler ses larmes. Il ne semblait même plus essayer de les retenir, il ne se battait plus contre cette image de détresse qu'il dégageait, ce qui intérieurement, désarçonna le vassal. Qui laissa continuer son ami.

« ... 'chez lui... putain... j'ai fait n'importe quoi ! J'savais très bien que j'regrette- »

Regretter? Regretter quoi? La tristesse de Yata le coupa dans son élan, ce qui intrigua terriblement le blond. Car plus qu'être inquiet pour son camarade, Totsuka se demandait légitimement ce qui avait bien pu se passer pour qu'il réagisse ainsi. Pour qu'il se laisse à ce point aller. L'envie de lui demander directement ce que ledit « singe » avait fait le taraudait mais il ne voulait pas braquer Misaki. Ainsi se retrouva t-il face à un nouveau silence qui s'étira entre les deux membres de HOMRA, alors que le blondinet attendait patiemment que le jeune skateur ait reprit son souffle.

Pour l'aider à se calmer, Totsuka glissa une main autour des épaules de son cadet pour l'attirer vers lui. Alors il posa délicatement sa mains sur les yeux baignés de larmes du plus jeune et la pressa lentement, pour lui bloquer la vue. Yata se retrouvait dans le « noir ». Un noir que Totsuka lui offrait pour l'aider à se concentrer sur son souffle et qu'il se fiche du fait qu'il pleurait. Il voulait l'aider. Mais il devait d'abord se calmer.

« Prends ton temps Yacchan. » Souffla t-il calmement.

Il serra un peu plus le corps sanglotant de son camarade contre son épaule et le berça lentement. Ce qu'il pouvait être niais quand il voulait, et simpliste mais... La simplicité avait parfois du bon. Yata ne pouvait le voir, mais Totsuka fronçait les sourcils, très légèrement. Non pas de colère ou d'impatience, mais il ne trouvait tout bonnement aucunes forces en lui pour sourire face au désarroi du rouquin. Pourtant s'il montrait qu'il était surpassé par les évènements, surpassé par son comportement, il allait sans doute désarçonner son compagnon.

« Bon. Si tu commençais par m'expliquer comment tu as rencontré Fushimi-kun? »

Il marqua une pause pour légèrement essuyer les larmes du skateur du bout des doigts, avant de finalement libérer ses yeux de sa main, pour la poser tendrement sur le côté de sa tête et la forcer à rester coller à son épaule, tandis qu'il tournait son regard noisette sur le corps tremblotant dans ses bras.

« Et racontes moi ce qu'il s'est passé par étape... »

Oui. Il ne voulait pas le presser mais bon sang... Il avait tellement besoin de savoir ce qu'il s'était passé pour aider son ami! Il avait les mains liés. Il était pour l'instant... inutile, mais il comptait bien changer ça, aussitôt que le jeune skateur se serait confié un peu plus. Et pour l'encourager dans cette idée, il arrêta de le bercer et glissa sa seconde main sur l'autre côté de la tête de Yata, pour la relever lentement vers la sienne et y glissa ses yeux calmes. Et finalement, un sourire encourageant s'étira sur ses lèvres. Un très léger sourire. Mais pourtant il était là. Pour Yata.

HRP:

Spoiler:

« J'l'ai embrassé. On - on s'est embrassés, et - »

A la seconde même où il avait entendu ça, Totsuka comprit enfin pourquoi Yata était dans tous ses états. Sans doute s'était-il passé plus de choses mais le simple fait de savoir qu'il s'était retrouvé à embrasser Fushimi, son ancien ami qu'il s'évertuait encore et encore à appeler le « traitre d'HOMRA » alors qu'il n'avait même pas fais taire ses sentiments d'amitiés vis à vis de lui, lui fit enfin comprendre la situation. Et l'obscurité qui entourait les larmes de son cadet se dissipa lentement, laissant alors l'opportunité au guitariste de comprendre ses sentiments et de réfléchir à une tactique pour détendre la jeune skateur et le calmer. Il chercha des paroles délicates pour ne pas braquer son ami tout en l'incitant à poursuivre son récit lorsque ce dernier repris de lui même la parole.

« M- mais j'suis pas comme ça ! J'aime pas les - les... »

Il ne réussit pas à terminer sa phrase et se perdit dans un sursaut de tension et de surprise. Un sourire remplit de compassion se dessina sur les lèvres du guitariste qui réagit le plus calmement possible face à la détresse de son ami. Ce dernier se perdit par la suite dans des exclamations confuses sur ses sentiments, se mentant à lui même, tentant de se convaincre que tout ceci avait été un rêve. La détresse de Yata n'avait plus rien d'adorable. Elle ne laissait présager rien de bon, si ce n'est l'enfouissement de ses réels sentiments tout au fond de lui. Voulait-il à ce point se taire sur ce qui lui meurtrissait la poitrine? Avait-il sincèrement la force de faire comme si rien n'avait été réel? L'anxiété du caméraman grimpa très légèrement en sentant son cadet vouloir se murer dans le silence et en lui demandant d'oublier.

Les doutes de Yata se traduisaient par des tremblements et des rires nerveux. Il se leva assez rapidement, entrainant le regard de son aîné avec lui. Il le vit chanceler vers l'arrière. Instinctivement, Totsuka bondit sur ses pieds pour rattraper son camarade et le coller délicatement contre son torse, posant ses mains sur ses épaules. Le sentant se perdre en confusion dans ses propos, il entoura son corps de ses bras et finalement le saisit par les épaules pour le retourner lentement vers lui et enfouir sa tête dans son cou. Il encercla finalement ses épaules de ses bras et glissant une main dans les cheveux cuivrés du skateur.

« Yata... Est-ce le fait d'avoir embrassé Fushimi-kun qui te dérange à ce point? » sa voix était calme et remplit d'assurance « Ou est-ce le fait que tu puisses avoir vu ressortir des sentiments que tu croyais avoir détruis? »

Quelques mouvements délicats qu'il effectua et la tête de Yata se retrouvait coincé entre ses mains, simplement relevée vers les yeux à la fois sérieux et apaisants du guitariste. Par certaines questions étranges, il allait tenter de faire comprendre à son camarade que le coeur était un artifice des plus complexes et qu'il ne pouvait pas toujours être aussi rationnel que la raison.

« Yacchan. Lorsque tu as embrassé Fushimi-kun, qu'as tu ressentis? »

Son ton était bas mais délicat, il ne cherchait qu'à aider son ami à comprendre ses sentiments, pas à l'effrayer. Pourtant, il prenait le risque que le jeune membre de HOMRA ne se braque et chercher à se dérober à toutes questions qui pourraient lui rappeler ces évènements en compagnie de Saruhiko. Il craignait de ne désarçonner un peu trop son ami avec ses questions et ses gestes mais il arrêterait s'il le sentait trop troublé pour supporter cet « interrogatoire ».

Alors qu'il scrutait gentiment le fond de ses yeux, Totsuka pencha très légèrement la tête en avant pour coller son front contre celui de Misaki. Il souffla lentement sur son visage, pour chasser ses tourments et finalement, recula un petit peu pour planter son regard noisette et sérieux dans celui du plus jeune.

« Si je t'embrassais maintenant, que ressentirais-tu? » La question fut posé avec un ton sérieux pourtant le regard du caméraman n'aspirait pas à la crainte mais à la tranquillité.

Il prenait le risque de faire fuir son camarade mais il voulait lui faire prendre conscience de ses possibles sentiments pour Fushimi. Déjà à l'époque où le brun était à HOMRA, il avait soupçonné le jeune skateur de nier son attirance pour son meilleur ami, trouvant en Mikoto une source d'attention plus intéressante, fuyant alors ses véritables sentiments. Mais maintenant, peut-être allait-il comprendre que s'il était tellement troublé par les évènements de la veille qu'il avait passé en compagnie de Saruhiko... Peut-être était-ce parce qu'il avait aimé ça. Et qu'il n'avait pas su gérer ses sentiments, qui avaient refait surface beaucoup plus fortement qu'il ne l'avait cru. Peut être... Que Yata cherchait à fuir. Mais Totsuka voulait l'aider à écouter son coeur.

HRP:

Spoiler:

Une boule de nerfs. Voilà ce en quoi s'était transformé Yata. Une créature crispée et tremblotante, d'une grande fragilité, qu'il fallait manier avec délicatesse et calme. Il est des gens qui ont besoin d'être bousculé pour parler et se confier, des gens qu'il faut savoir manipuler avec ruse pour arriver à leur extorquer des confidences. Mais avec Yata, l'approche la plus efficace était de faire preuve de patience et de beaucoup d'écoute. Même s'il ne parlait pas vraiment, lui faire comprendre qu'aucun jugement ne lui serait porté était une étape pour l'aider. Et mettre à l'aise son ami, ça, Totsuka en était parfaitement capable. Le juger était bien le dernier de ses actes, il se fichait pas mal de ce que pouvait avoir fait Yata. Que ce soit bien ou mal, il avait dû le faire. Lui n'était pas là pour juger mais aider; Son ami allait mal, ainsi lui même ne pouvait se résoudre à sourire bêtement. Bien sûr il le faisait encore, mais c'était moins sincère. Tout ce qu'il désirait, c'était aider son camarade. Car sa nature ne le définissait pas comme étant quelqu'un de fragile et pleurnichard. Yata était connu pour être une sacrée tête brûlée et ne pas parler de ce qui le dérangeait. En tout cas pas au niveau de ses sentiments. Or là, il les laissait couler le long de ses joues et exposait ses émotions à la lumière. Tout en se confondant dans des excuses idiotes et maladroites, simplement présentes pour masquer ses larmes et justifier son relâchement.

« Désolé, Totsuka-san ! J'crois sincèrement que c'est la fatigue, le trop plein d'émotions ! Ca ira mieux a- après une nuit de sommeil. J'aurais dû rentrer à la maison et dormir ! »

Yata. Tu es bon ami mais un mauvais menteur.

Les pensées de Totsuka restèrent dans sa tête, alors qu'il riait intérieurement face à la maladresse de son cadet. Ce dernier jurait que tout irait mieux s'il dormait simplement, ce en quoi il avait peut être raison, mais il ne se dégageait pas pour autant des mains du guitariste. Voulait-il vraiment partir alors? Un sourire recueillit ses dernières paroles, à propos de garder ses éclats émotionnels secret. Dans tous les cas, une situation si inhabituelle, Totsuka n'allait pas s'en ravir et le répéter à tout bout de champ. Même au roi, il n'en aurait jamais parlé. Taquiner Misaki était une chose, savoir garder des choses pour lui lorsque son ami en avait besoin en était une autre. En l’occurrence, l'heure était au silence. Mais il n'était pas question qu'il le laisse partir dans cet état. Surtout que... le moment était peut être venu d'aider Misaki à faire le point sur ses sentiments.

Totsuka n'osait se montrer présomptueux en affirmant que le jeune skateur devait avoir des attirances et sentiments pour son ancien meilleur ami considéré comme traître à l'heure actuelle, mais il le savait très rancunier. Peut être... trop? Toute cette haine qu'il éprouvait pour Saruhiko lui semblait... quelque peu forcée, comme si la colère, si facile à ressentir, servait de diversion pour ne pas que d'autres sentiments pointent. Le blondinet ne pouvait parler pour son cadet mais il savait que ses doutes étaient plausibles.

« Détends-toi Yacchan, je ne vais rien te faire voyons! » Plaisanta t-il calmement.

Il libéra le visage de son ami pour glisser ses bras autour de ses épaules et le coller contre lui. Bien plus grand que le petit skateur, le guitariste posa son menton sur le haut de la tête du rouge et le serra délicatement, en riant gentiment.

« Tu sais bien que je ne dirais rien. Surtout pas quand on me le demande avec ces yeux de chiens battus! »

De nouveau il laissa échapper un petit rire cristallin à la fin de sa phrase. Il referma un peu plus les bras autour des épaules de son ami, respirant lentement et fortement, comme pour l'inciter à calquer sa propre respiration sur la sienne, pour l'aider. Totsuka avait bien compris que Misaki était fatigué. De pleurer sans doute et certainement physiquement. Il n'avait pas à prendre la fuite comme ça face à lui. Il n'avait tout bonnement aucunes raisons de se sentir mal à l'aise en présence de Tatara. Il soupira d'amusement, alors qu'il posait un peu plus sa mâchoire contre le crâne de son cadet.

« Tu sais Yata, je ne pense pas que tu sois le genre de personne à te laisser embrasser par quelqu'un que tu n'aimes pas. » Fit-il remarquer tout bas « Plutôt que de regretter, je pense que tu irais casser la figure à quiconque t'aurait déshonorer. » Il marqua une nouvelle pose pour reculer sa tête et dévisager Misaki, gentiment « Je ne comptais pas t'embrasser Yata, je voulais te faire prendre conscience d'une chose: Est-ce que tu regrettes vraiment d'avoir embrassé Fushimi-kun? Mais surtout, pourquoi? »

Il termina ses dires par un sourire chaleureux, puis finalement revint poser son menton sur la tête du rouquin, tout en le collant un peu plus dans ses bras, pour cacher son visage et lui permettre de pleurer s'il le voulait, sans qu'il le voit. Il ne put d'ailleurs s'empêcher de faire une petite plaisanterie à Yata, pour le détendre et l'encourager dans l'idée qu'il ne jugeait en rien son ami.

« Enfin. Une chose est sûre: tu es vraiment petit mon cher Yata! » Ria t-il de pleine voix, détendu.

Rien de tel qu'une petite taquinerie pour détendre Misaki. Ou au moins lui donner l'opportunité de ne plus pleurer, il pouvait s'énerver s'il le voulait. C'était une porte de sortie à ses émotions en quelque sorte, juste au cas où.

HRP:

Spoiler:

Il y avait des moments où les taquineries étaient à l'honneur et d'autres où le silence était préférable. Pour le bien être de sa hanche, Totsuka aurait mieux fait de se taire plutôt que de charrier son cadet sur sa taille et se recevoir alors un coup de poing, au final bien mérité. Trop susceptible même dans la tristesse ce petit Misaki.

« Ahah... Je plaisantais Yacchan... » ricana le blondinet en se reculant sous la douleur.

Il afficha un sourire d'abruti sur sa face d'abruti avant d'entendre la petite voix de Yata se confondre dans des explications innocentes et maladroites. Il était plus gêné qu'autre chose, ce qui faisait sourire Totsuka et en même temps le rendait compatissant. Il était si rare de voir Yata si embarrassé. Le sujet était définitivement très important pour lui.

« Je peux pas. Je peux juste pas... accepter d-d'aller moi-même vers ce traître. »

La remarque tira un sourire au caméraman qui se redressa lentement et posa une main sur l'épaule de son cadet, le laissant baisser la tête pour dissimuler son mal être. Il répondit tout bas d'une voix calme.

« Je sais Yata. »

Il laissa son ami continuer ses explications maladroites, son petit ton mal assuré et son regard baissé, comme s'il ne savait pas lui même comment définir ses sentiments. En fait, à le voir si mal à l'aise et si tourmenté, Totsuka comprenait tout bêtement que Misaki ne posait aucun noms sur ses sentiments. Il ne savait pas lui même ce qu'il éprouvait. Toutes ses incertitudes et cette incompréhension devait lui retourner l'estomac. Il était sans doute temps pour le vassal du roi d'essayer de lui changer les idées à présent, plutôt que de l'amener sur le chemin des confidences. Car il ne craignait que trop de réflexions sur ses sentiments pouvaient le conduire à se fermer. Il le laissa donc terminer tranquillement ses phrases, alors qu'il lui jetait quelques fois un regard inquiet comme s'il guettait un jugement de la part du guitariste.

« Désolé, Totsuka-san. C'est gênant. Mais merci... »

Yata laissa en suspend ses aveux et se laissa entrainer par sa nervosité, passant une main sur sa nuque. L'abdication de son cadet fit comprendre au caméraman qu'il ne pouvait pas continuer à réfléchir sur ce qu'il s'était passé entre lui et Saruhiko ainsi décida t-il de le laisser récupérer ses esprits et ses pensées et il ne répondit rien. Il se contenta de lui sourire, calmement et gentiment, comme pour le bercer et lui faire comprendre qu'il n'allait pas insister. Qu'il était simplement là pour lui et pas pour le mettre mal à l'aise. Yata lui même fit comprendre qu'il ne souhaitait pas continuer à en parler et reprit la parole pour changer de sujet.

« Aah... qu'est-ce que vous faisiez là, au juste ? »

Totsuka lui répondit par un sourire. Attendrit par la « manoeuvre » de diversion du jeune homme. Il ne fit aucunes remarques sur son art douteux pour changer de sujet et se contenta de lui montrer du bout du doigt sa caméra qu'il avait posé précédemment sur le billard.

« Rien de palpitant en fait, je m'entrainais juste à faire des mises au point! » Avoua bêtement le blond.

Il glissa son regard sur Misaki, notant soudainement son teint pâle et ses yeux tremblotants, comme s'il était épuisé. Il semblait même le voir basculer la tête, comme s'il allait s'endormir sur place. Sans doute avait-il dû passer la nuit à réfléchir et se poser mille et une question. Cette idée fit sourire le caméraman qui bailla à haute voix, accompagnant son ami dans sa fatigue.

« En fait j'ai passé la nuit à lire des livres sur le cinéma et j'avais envie de m'amuser un peu! » Avoua t-il en s'étirant lentement.

Il retourna au canapé où lui et Yata s'étaient assis un peu plus tôt et tira un livre de la poche de sa veste qui reposait sur l'un des appuies tête du canapé. Il le montra triomphant à son ami avant de se laisser tomber lourdement sur le sofa et de coller douillettement son dos au tissu. Il étira lentement ses jambes et ouvrit son livre à son marque page. Il reporta son regard à son camarade et tapota la place libre à côté de lui avec une main, invitant le skateur à venir le rejoindre.

« J'allais me reposer en lisant un peu, tu peux en profiter pour dormir si tu veux! » Proposa t-il innocemment tout en accompagnant ses paroles d'un sourire niais « J'adore faire la sieste ici pour ma part! »

Et inutile de vous rappeler que niveau sieste, Totsuka était un champion. Il avait testé tous les sièges, canapés et fauteuil du bar! Tous lui avait servis de lit pour un somme, une sieste ou même une nuit. C'était le roi pour s'endormir n'importe où et n'importe quand. Lui ne se gênait pas pour s'endormir où il voulait. Son ton décontracté et ses anecdotes sur ses précédentes sieste lui servait surtout pour relaxer son ami et lui faire comprendre qu'il pouvait venir dormir ici au calme pour ne pas être déranger, il prendrait soin de le laisser tranquille. Peut être que Misaki avait besoin de dormir tranquillement mais peut être aussi n'avait-il pas envie de se retrouver seul. Et puis quitte à dormir en réfléchissant, autant qu'il le fasse en compagnie de son ami. Il pourrait alors profiter de sa présence pour parler si jamais il en ressentait le besoin. Et outre que d'apaiser son ami, Totsuka lui aussi préférait qu'il reste avec lui. Pour être sûr qu'il se sente bien et ne se renferme pas sur lui même.

Oui, il savait Misaki fort et téméraire mais l'incompréhension pouvait terrasser bien des personnalité et malgré ses airs de rebelle, Totsuka savait Yata bien plus sensible qu'il ne voulait bien le montrer.

HRP:

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