HRP:

Le bruit de l'eau coulant de la salle de bain relâcha la pression qui habitait Totsuka. Irrationnellement, il en venait à penser que ce liquide qui devait glisser sur le corps de son roi emportait avec lui ses précédentes réflexions. Lorsqu'il était allé chercher discrètement sa guitare dans la chambre d'Izumo et qu'il était repassé par le couloir, il avait du coin de l'oeil vu le rouquin s'engouffrer dans la salle de bain et quelques instants après, l'eau avait coulée. Et alors un lent soupir de soulagement sortit du guitariste, qui sans attendre autre chose, descendit les escaliers pour se retrouver seul au Bar. Une solitude qu'il accueillit, compte tenu de ses réactions ô combien constructives face au comportement de son roi, avec plaisir. Il déposa son instrument de musique dans un coin de la pièce, incapable de se motiver à jouer quelque chose et attrapa sa caméra, laissée religieusement sur le bord du comptoir près de l'un de ses bonsaï chéris. Tout en l'ouvrant délicatement, il alla s'assoir sur le canapé le plus proche du bar, se laissant tomber lourdement dessus.

Machinalement, il lança le premier film qu'il avait sur sa carte mémoire, remontant à plusieurs jours précédents, où il avait filmé Yata s'entrainant au skate. Mais rien sur son petit écran ne captiva réellement ses yeux, qui s'étaient perdu un peu plus dans ses pensées. Des pensées qui s'orientaient vers le fondement du geste que Mikoto avait eu à son égard.

Il réfléchissait, calmement, sereinement, sans se sentir oppresser par une situation qu'il ne savait gérer. Il avait simplement besoin de quelques minutes de solitude, pour comprendre et admettre qu'il avait échangé un baiser avec son roi. Un baiser qu'il n'avait absolument anticiper. Un comportement qu'il n'arrivait pas à expliquer non plus. Mais peut-être Suoh s'était-il perdu dans un monde étranger, ne sachant pas s'il vivait dans la réalité ou autre. Peut être avait-il eu besoin d'agir ainsi pour se prouver qu'il était bien éveillé. De plus, il n'avait pas laissé le temps au guitariste de poser des questions, signe qu'il ne savait sans doute pas quoi donner comme réponses... Ou qu'il n'en avait pas envie.

Le fait est que Totsuka n'avait pas non plus repoussé le roi. Car si encore l'échange avait été comme une caresse furtive, il n'aurait rien put faire. Mais, bien que ce contact avait été chaste et rapide, il avait duré assez longtemps pour que le blondinet se rende compte de la situation. Et il n'avait pas trouvé désagréable qu'une chaleur si plaisante prenne possession de ses lèvres. Au contraire. Si l'imprévisibilité du geste l'avait surprit et déstabilisé, la saveur tendre et délicieuse de cette bouche qui l'avait capturé lui avait donné des papillons dans l'estomac. Un tour semblait s'agrandir dans ce dernier, dès que le caméraman repensait à ce baiser.

Ça avait été bref. Mais agréable. Peut être trop agréable.

Tellement agréable que si le roi rouge avait recommencé, il n'était pas sûr qu'il aurait réagit avec beaucoup de résistance. Pourquoi le ferait-il d'ailleurs? Est-ce que ce baiser signifiait quelque chose? Seul son roi pouvait vraiment le lui dire. Peut être avait-il simplement agit spontanément, recherchant le contact d'un corps, qu'il soit homme ou femme. Le premier qui passait par là aurait été bon pour le conforter dans son sentiment d'appartenir à la réalité. Ou peut être parce que le blondinet avait cherché à le faire parler, Suoh l'avait fait taire malicieusement en sachant qu'un baiser était suffisant pour le déstabiliser. Les motivations du rouge restaient donc mystérieuses et imperceptibles. Et Totsuka se contenta de l'idée que le rouge avait agit en soumission à ses envies, sans chercher rien de plus, sans attendre rien de plus. Il était le roi. Pas qu'il pouvait exiger le corps de ses « subalternes » mais un geste aussi chaste que celui qu'il avait appliqué au guitariste ne pouvait être considéré comme inconvenant. Et le blondinet n'allait pas commencer à se poser trop de questions. Pour la sécurité de son cerveau.

Ainsi lorsqu'il vit apparaître son ami, il sut capturer son regard avec calme et tendresse, sans aucune once de gène dans les yeux, sa lumière habituelle revenue. Un sourire délicat s'étira alors pour une énième sur son visage, tandis qu'il suivait le parcours de son roi avec attention, comme s'il n'avait jamais été déboussolé.

« Je dois absolument te montrer un de mes films Suoh! » Lui lança t-il joyeusement tandis que son roi, sans le quitter de ses yeux de braise, s'asseyait à ses côtés.

Dire qu'il n'avait pas sentit comme un léger coup dans son estomac serait mentir, car si ses pensées étaient calmes, ses réactions devenaient plus voyantes, sa timidité semblait reprendre le dessus. Sans doute sa gène allait-elle revenir faire chier son monde s'il n'arrêtait pas très vite de repenser sans cesse à la douceur de ses lèvres qu'il avait goûté un peu plus tôt.

Pour ne pas perdre de temps à réagir stupidement dès que son ami faisait quelque chose, il décala les bras sans s'approcher plus que ça du roi pour lui montrer l'écran de la caméra. Le plus simple aurait été de se rapprocher du rouge mais c'était risquer un contact avec lui... Or le blond n'avait pas besoin de ça en plus de sa philosophie qui se battait dans sa tête.

Il fit défiler ses doigts sur les boutons de son appareil, cherchant la vidéo qu'il voulait mettre. Mais soudainement, il s'arrêta, repensant aux précédentes révélations que son roi lui avait fait. Et, alors qu'un sourire protecteur et clair illuminait son visage, Totsuka changea de pensées et appuya sur la dernière vidéo en date, remontant à quelques heures à peine, une information que Suoh pouvait avoir vu s'il avait été attentif. Ainsi... Pouvait-il se rendre compte que son rêve n'était pas réalité, et que tous les membres de HOMRA allaient bien. Tous.

Défila sous les yeux une ribambelle de sourire et de visages heureux, disposés en cercle autour de la petite Anna qui s'évertuait à montrer ses progrès en rollers aux caïds de HOMRA.

« Anna était si adorable! » Laissa t-il sortir enjoué, justifiant le choix de cette vidéo.

Un petit rire cristallin quitta sa bouche. Finalement agir comme il le faisait tout le temps n'était pas si compliqué. Car il ne s'était rien passé, rien qui ne méritait de longues heures d'explications. Et s'il parvenait à se ressaisir complètement, s'il arrêtait de tendre l'oreille en essayant d'anticiper le moindre souffle ou mouvement de son roi et si son estomac décidait de se faire oublier au lieu d'alimenter cette boule indescriptible qui habitait le corps du blondinet, il pourrait revenir à ses questions pour son roi. Il pourrait. Suffisait simplement d'arrêter de penser.

HRP:

Quiconque voyait ce regard de braise devait succomber. Car la force qui s'en dégageait était tellement attractive qu'un seule regard vous faisait perdre pied. Qu'il soit tranchant ou mystérieux, ce regard était magnifique. Glacial. Fort. Tendre à sa manière. Ainsi lorsque, sans être la première fois, les yeux de feu du roi rouge se posèrent sur Totsuka -qui feintait les avoir vu-, son estomac se resserra. Une palpitation électrisa son corps, qui lentement se crispait, à l'affût du moindre son ou mouvement que pouvait faire Suoh. Quelque chose d'intense s’immisça entre eux. Comme si un désir ressentit plus tôt s'apprêtait à les saisir de nouveau. Inutile de faire le lien avec ce baiser précédemment échangé. Il n'était pas impossible que le blondinet soit encore déstabilisé par cet échange dont il ne pouvait ôté ses pensées. Enfin c'était plus que possible. C'était sûr. D'où le fait qu'il cherchait à éviter tout contact avec son roi, redoutant un déchainement d'émotions qui ne feraient qu’agrandir cette boule inconnue au creux de son ventre.

Dieu qu'il pouvait être sensible.

Non pas dans un sens féminin, mais bien dans une logique charnelle. Car il savait qu'à la moindre friction avec la peau de son roi, il perdrait contenance et se réfugierait dans la timidité, laissant alors quelques rougeurs décorer ses pommettes.

Si lorsque le rouge s'alluma une cigarette, une infime respiration de soulagement quitta les lèvres serrées du guitaristes, la main rugueuse mais fascinante du roi qui venait de se glisser auprès de sa propre main tenant la caméra, le ramena durement à la réalité. Au fait qu'il voulait nier. Ce fait qui le mettait pied au mur. Car lorsque son corps tout entier se tendit, lorsque ses muscles se crispèrent, sa respiration s'arrêta et son attention orientée vers le roi lui fit tourner la tête, il sut qu'il était exagérément trop réactif aux gestes du souverain.

「 Tu filmes toujours tout le monde... 」

Ta main. Suoh...

「 —sauf toi. 」

Ta main! Oh... Ma caméra.


「 Pourquoi ? 」

He?

Les yeux du caméraman se remplirent d'incompréhension, lorsque ce dernier se rendit compte qu'il n'avait pas écouté son ami. Le fait est qu'il s'était principalement concentré sur le contact furtif de leurs mains et qu'il avait ensuite suivit du regard les gestes de ces longs doigts, d'ordinaire habitués à tenir des cigarettes plutôt que des caméras numériques. Mais, au risque de t'apprendre quelque chose de terriblement déstabilisant Totsu', Suoh possédait deux mains et un cerveau encore en état de marche, addition de facteurs lui permettant de fumer et te filmer, assez facilement à vrais dire (je doute qu'il ai eut besoin d'un Bac S pour réussir cet exploit o/).

Mal à l'aise derrière l'objectif, sa respiration reprit tout de même un rythme normal et son habileté à parler ne devait pas tarder à retrouver le chemin de sa langue (avant que la bouche de Suoh ne le fasse). Il se tourna vers la caméra, le regard posé sur son roi, plutôt crispé mais un sourire illuminait pourtant ses traits. Ce sourire si bienveillant qu'il portait sur tout membre de HOMRA. Un sourire sincère qui traduisait bien sa passion pour le gang. L'amour qui leur portait était la seule et unique réponse possible à cette question. Il ne voulait pas se voir lui, il voulait les voir eux. Il aimait regarder le monde dans cet objectif, capturer les émotions, les souvenirs, les sourires sincères et heureux.

Il voulait les garder éternellement vivant. Eux. Yata. Izumo. Anna. Et Suoh. Mais l'avouer, confesser cet amour démesuré qu'il leur portait n'était pas adéquate à la situation. Car il n'osait s'aventurer sur un chemin aussi houleux que ces sentiments pour HOMRA. Il ne craignait que ses réflexions ne le conduisent sur une pente plus glissante et plus... précise. Ainsi un air d'imbécile heureux se dessina spontanément sur son visage, tandis qu'il chassait toutes pensées qui pouvaient dériver.

« C'est facile King! »

Il porta sa main, à présent vide, sur le côté de son visage, mimant la position d'un caméraman filmant une scène sous ses yeux.

« Il serait trop difficile de capturer vos exploits tout en m'incluant dans le champ de vision de la caméra! »

Un rire délicieusement naïf s'éleva dans l'air, quoique un peu nerveux. Il laissa quelques secondes ses éclats ranimer la pièce, réchauffant l'ambiance qui se tendait comme son corps, puis finalement reprit un air plus sérieux et plus doux, berçant son roi d'un regard remplit de tendresse, cherchant ses mots pour répondre plus convenablement, intéressé lui même par cette question, surtout venant de la part de son roi.

« Non plus sérieusement, il se cala un peu plus au fond du canapé, relâchant quelques muscles, je pense simplement asservir mon égoïsme en ne filmant que vous. »

Il ferma les yeux, serein, libéra sa tête de sa nervosité précédente, la tête tournée vers le vide de la pièce.

« Ou alors je me rassure. »

Totsuka rouvrit les yeux pour les planter lentement et gentiment dans ceux rivés sur lui de son roi. Il se tourna de nouveau vers lui, osant s'avancer un peu, refoulant ses réflexions, amorçant un mouvement de main en quête de sa caméra. Il l'arrêta à quelques centimètres de celle de Suoh.

« Tous ces moments merveilleux avec les membres de Homra. Avec toi. Je veux pouvoir les revivre sans cesse et avoir la preuve que tout ceci n'était pas juste un rêve. » Conclut-il, posant sa main froide sur le bouts des doigts du rouge qui tenait la caméra.

Il força l'objectif à s'orienter vers le sol, abaissant leur deux mains, pour récupérer lentement son bien. S'il était toujours crispé, il ne le laissait plus paraître. Et son naturel était revenu, sourire fixé sur ses lèvres, sa lumière dansant dans le fond de ses prunelles et cet air malicieux qui parsemait son visage pâlot. Lorsqu'il eut reprit sa caméra en main, il la redressa pour capturer l'image sérieuse de son roi en train de fumer. Il appliquait ce qu'il venait d'avouer: il capturait les souvenirs de ce qu'il aimait. A savoir vivre des moments merveilleux avec HOMRA. Et son roi. Vivre pour son roi. L'aider. Le réconforter subtilement. Le faire parler. Le soulager. Le faire sourire. Le divertir. Tout était fait pour que son roi soit comblé.

Ainsi se trouva t-il animé par le désir de reprendre sa conversation précédente avec son roi, guidé par un instant de protection et à la fois quelque chose d'inconnue, qui fourmillait dans son ventre.

« Tu sais Mikoto, il appuya l'utilisation de son prénom par un sourire calme, tu devrais plus parler de toi. Ou de ce que tu ressens. » Il marqua une petite pause tout en baissant sa caméra, histoire de ne pas mettre mal à l'aise son souverain, bien que difficilement démonstratif de sa gêne. «
Le premier remède du cauchemar est là parole. Je pourrais facilement te prouver que tes rêves ne sont pas réalité si tu m'en parlais directement. »

Là se trouvait un message d'amitié, une invitation à parler, une futilité qu'il aima à dire. Car si le caractère d'un naturel flemmard et impassible de son roi ne lui était pas inconnu, la vulnérabilité qui pouvait l'animer à son réveil était atypique pour le rouge. Une spécificité qui pouvait facilement inquiéter le guitariste, non pas déçu de devoir forcer son roi à lui parler, mais anxieux qu'il ne lui fasse pas assez confiance. Ou qu'il n'est pas assez confiance en lui même pour en parler. Enfin il devait aussi surement n'en avoir aucune envie. Ni aucune force. Car raconter ses petites craintes n'était pas tellement dans le genre de Mikoto. Chose que Totsuka savait pourtant très bien.

Et pourtant le sourire qui accompagna ses paroles ne demandait qu'une confession sur ses sentiments. Suoh pouvait avoir confiance en Tatara. Il ne devait pas en douter.

HRP:

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Lorsque la main du roi se posa sur la bouche entre ouverte du blondinet, ce dernier compris qu'il était allé trop loin. Dans sa détermination et son inquiétude. Il traitait le roi rouge comme un enfant sur lequel on avait besoin de veiller, chose qu'il n'était pas. Mais un enfant impulsif, bon dieu qu'il pouvait l'être! Car il avait beau être fort, il avait beau être robuste, non il n'était pas inébranlable. Et le nier était faire preuve d'une vantardise que n'avait pas Suoh. Il était plus fragile qu'il ne le laissait voir. Fragile. Oui oui. Mais tellement têtue que la moindre personne osant le souligner se ferait assurément étriper, brûler vive ou que sais-je. Lorsque ce dernier resserra ses doigts autour des lèvres du caméraman, son sourire se perdit définitivement, et sa respiration s'arrêta. A la manière dont le rouge souffla son prénom, Totsuka comprit qu'une petite pirouette n'allait pas l'aider à se sortir de cette situation qui s’alourdissait, au même titre que l'ambiance.

Une éclaire de surprise traversa la tête blonde du caméraman lorsqu'il prit conscience du ton si intimidant et menaçant qu'arborait son roi. La surprise fut-elle qu'il ne prêta pas une oreille très intéressée aux paroles du rouge, trop concentré et captivé par cette aura de colère qui se dégageait de lui. Une aura qui se mêla à la nervosité du vassal, amorçant un mouvement de recul. Dieu qu'il détestait que Suoh le regarde avec de tels yeux.


「 Tu sais à quel point il me serait facile de te tordre le cou ? 」

Totsuka serra les dents.

Bien qu'il en savait Suoh incapable, l'entendre le menacer, en cette soirée, lui retourna l'estomac. Si d'ordinaire un petit rire nerveux, signe qu'il cherchait à lever le drapeau blanc, pointait dans ce genre de situation, là rien ne se passa. Un simple regard se posa sur le roi, indescriptible. Le blond cessa de dégager son calme et sa luminosité habituelle pour laisser place à son impassibilité. Ou plutôt à son incapacité à réagir, de manière des plus indéchiffrable. Ainsi, lorsque le rouge avança progressivement sa tête de celle du blond, il ne lui laissa comprendre aucunes de ses émotions. Quelques secondes plus tôt une telle proximité aurait fait se tendre tout entier le corps du blondinet mais la menace précédente avait eut l'effet d'une douche froide. Ou d'une bonne baffe.

Pour un peu, le guitariste se serait mit à trembler mais son estomac était trop occupé à faire des loopings imaginaires pour lui laisser le temps de prendre « peur ». Oh il n'avait pas peur de son roi. Non... Mais il avait peur de pouvoir le perdre. Physiquement oui, mais plus encore, il avait peur de perdre la relation profonde qui l'unissait à son souverain, à force de trop poser de questions. A force de le couver comme une fausse maman-poule. Ils étaient amis. Plus encore, ils avaient cette relation incomprise de vassal à souverain. Mais l'inquiétude permanente du blond pour le rouge n'avait-elle pas fini par déranger cette relation particulière? Le roux ne se lassait-il pas de devoir sans cesse gérer les perpétuelles élans d'inquiétude du caméraman? Un nombre incalculable de questions se bouscula dans l'esprit du guitariste qui ne réagissait pas.

En d'autres circonstances, il aurait rit. Se serait sortit de cette menace par une pirouette et aurait changé de sujet. Mais après avoir revu son roi vulnérable dans les bras de Morphée, après avoir été embrassé par cet homme qu'il admirait et voulait protéger, il ne savait plus quoi penser. Car si plus tôt il avait put ressentir une chaleur méconnue, qui avait saisit ses lèvres avec une tendresse qu'il connaissait mal, il ne ressentait qu'un coup sec dans le ventre suite à la menace de son aîné. Et c'était horrible. Il n'allait pas en pleurer, il avait l'habitude mais pour une raison qu'il ignorait, cette phrase lui laissait un goût amer dans la bouche, qui s'amusait tout bonnement à lui donner des hauts de coeur. Mouais. Trop d'émotions ne font pas bon ménage avec un estomac sensible en outre.


「 Ou je devrais peut-être t'embrasser encore? Ça a l'air de t'faire plus d'effet. 」

Si elle avait put, la langue du blond aurait claquée.

Le roux retira sa main de la bouche du guitariste qui instinctivement se recula. L'irritation de son roi avait été comprise. Mais, sans le comprendre, Totsuka vint à ressentir une certaine irritation à son tour. Etait-ce un jeu pour le rouge? Que de le menacer par des actes aussi incompréhensibles... Il se montrait menaçant alors que le blond se battait pour cacher son envie, son besoin, de l'aider et il le menaçait de cette manière alors que Tatara s'interdisait de trop réfléchir aux fondements de ce baiser.

Impassible et silencieux, Totsuka referma sa caméra numérique, faisant claquer plus fort qu'il ne le voulut le cadran. Il posa ladite caméra sur la table la plus proche, silencieux aux menaces de son roi. Silencieux car il ne savait que dire. Réagir comme il le faisait toujours, en souriant bêtement et changeant de sujet? Ou rougir comme une vierge effarouchée, suite au geste qu'avait eu son ami? Il pensait tellement qu'il n'arriva pas à trouver ses mots. Et il ressentait tant de sentiments à la fois qu'il ne savait choisir une émotion sur laquelle se concentrer. Ainsi se retrouva t-il à détourner la tête de son roi, en ne ressentait qu'une nausée désagréable le prendre soudainement, une nouvelle irritation prenant place.

Ca ne lui ressemblait pas. Pas du tout. Mais il détestait se savoir inutile. Et déterminé comme il était, il ne supportait pas qu'on l'empêche de tout faire pour aider son roi; Or dans le cas présent, la gêne dans son objectif était ledit roi en question. Avait-il donc si peu confiance dans le guitariste pour le menacer? Etait-ce si insoutenable de lui parler? Oui ca n'était pas dans le caractère du roi, mais ça n'était que Totsuka! Il n'avait pas à cacher ses sentiments, ni ses craintes. Etait-il si méfiant qu'il ne savait reconnaître un ami plus dévoué que le naturel lorsqu'il en voyait un?

Sans s'en rendre compte, Totsuka laissa un claquement de langue s'échapper de sa bouche. Il devait réagir.... Maintenant. Mais la seule réaction qui s'afficha alors, fut un sourire si faux que même un aveugle l'aurait compris.

« Désolé désolé King! » Il feint un petit rire nerveux. En vérité il se sentait inutile.

Il se releva, prenant soin de ne pas une seule fois croiser le regard de son roi pour lui tourner le dos, sourire bloqué sur son visage même si aucun sentiments de joie ne se dégageait de lui.

« Je ne vais pas tarder à rentrer, je ne veux pas te déranger plus longtemps... »

Il tourna légèrement la tête vers son interlocuteur, lui montrant un sourire qui n'avait rien de convainquant. Il masquait juste sa... tristesse? Son pincement au coeur du moins. Un nouveau haut de coeur lui retourna l'esprit. Finalement les pensées qu'il avait retenu précédemment se frayèrent un chemin vers son esprit et tout s'embrouilla. Nerveusement, il se dirigea vers le bars, s'engouffrant sans un mot de plus dans les toilettes jouxtant la pièce principale, dans le but de se passer de l'eau sur le visage. Il se dépêcha de fermer la porte à clef, la main tremblant sur la poignée.

Sa réaction était atypique, surtout pour lui. Prendre la fuite aussi stupidement et de manière aussi flagrante était ridicule mais il s'était retrouvé désemparé et incapable de réagir autrement. Il retint un hoquet de surprise face à son porpre comportement de quitter ses lèvres et dans un effort incroyable, se pencha vers le robinet, prenant le risque de faire remonter le contenu de son estomac à la surface. Il se concentra pour respirer calmement, glissant ses mains pâlottes sous l'eau froide qu'il venait de faire couler. Lentement il glissa un peu de ce liquide sur son visage, et la différence de température lui procura alors une sensation d'oubli des plus délectable. Il eut un bref instant l'impression que ses tourments coulaient avec cette eau si froide qui glissait sur son visage. Lorsqu'il releva la tête, son estomac se calma, la terre se fixa et le calme retrouva son corps. Pas pleinement, mais il se sentit plus serein.

Il prit une grande inspiration, se sentant plus assuré et quitta les toilettes, un sourire se voulant plus convainquant et un regard malicieux bloqués sur son visage blanc. Pâle. Incertain en fait.

« On se voit demain Suoh, ok? » Il retrouva un ton jovial, sûr et calme.

Un sourire accompagna ses paroles, tandis que ses mains arrêtaient de trembler, du moins de manière si évidente. Il commença à se diriger vers sa guitare, dans l'idée de la ranger dans son fourreau qui trainait près de son roi. Il jeta un rapide coup d'oeil à l'objet, sans pour autant regarder son souverain. Alors qu'il s'emparait de sa guitare, il la posa délicatement sur le bar, reprenant un ton qui se voulait naturel:

« Tu peux me passer ma housse de guitare s'il te plait King? »

Il ne jeta même pas un seul regard au rouge, se concentrant plutôt sur la contemplation de son instrument de musique, prétexte pour ne pas faire face à l'irritation intimidante de son roi. Le guitariste fuyait... Oui. Mais, il ne savait pas quoi faire d'autre. Il fuyait car il avait prit peur... non pas de son roi, mais de ses émotions trop fores pour lui. S'annonçait dans son esprit une nuit mouvementée en perspective.

HRP:

「 Tu m'fais quoi, là? Ça ne te ressemble pas. 」

Excellente question. A vrais dire j'aurais bien posé la même. Tu nous fous quoi là Totsu'? Tu joues ton timide? T'arrives plus à contrôler tes émotions? T'es pas une fille que je sache, alors arrête d'essayer de fuir ton roi et regarde le bon dieu! Dire qu'il n'avait même pas osé planter son regard dans celui du rouge lorsqu'il l'avait forcé à se retourner, saisissant son poignet pour l'arrêter. Mais oh! Ressaisis-toi bordel! Arrête de fuir et regarde le, reprends ton sourire d'imbécile heureux et roulez jeunesse, tu fais comme d'habitude! Une petite blague, un sourire stupide, une caresse sur la tête de ton roi. Bref, tout sauf ça là! Parce que ça te ressembles pas du tout. Et ce n'est pas crédible. Il n'était pas crédible du tout bon sang. Cet air faussement calme, ce sourire si faux sur ses lèvres. Il donnait juste envie de le lui arracher! Limite de lui faire mal pour le forcer à exprimer autre chose que cette fausse joie. Mais pour exprimer quoi? Lui même ne savait pas quoi penser, ni quoi faire. Et surtout, pourquoi c'était-il lever comme ça pour fuir? Pourquoi n'avait-il pas répondu à la menace idiote de son roi par une éternelle mauvaise blague?

Il fuyait. Bon sang il fuyait! Il prenait la fuite face à son roi, à son ami! Mais pourquoi? Parce qu'il avait peur de réfléchir? De se poser des questions auxquelles il ne voulait pas de réponse? Oui. Il ne voulait pas penser. Il ne voulait pas relever les petites allusions que le rouge avait faites sur leur échange incompréhensible plus tôt. Ils s'étaient juste embrasser.

Un simple baiser.

Ca n'était pas la première fois que Totsuka embrassait quelqu'un. La première fois que c'était un homme oui. La première fois avec Suoh aussi; Mais où était le mal? Rien n'avait été soulevé comme questions, le baiser avait été rapide et agréable. Etait-ce ça le problème? Avait-il trop aimé être pris de court ainsi? Etre saisit par une tendresse qu'il ne soupçonnait pas? Avait-il... trop apprécier les lèvres de son roi? En tout cas il ne les avait pas détester. Au contraire, il avait pendant quelques secondes espérer que l'échange dure un peu plus longtemps, qu'il goûte à cette chaleur avec plus de passion. Mais comment se l'avouer... Comment réfléchir avec de telles pensées en tête. C'était facile finalement: ses émotions étaient trop nombreuses pour qu'il arrive à toutes les gérer à la fois. Et son roi était si... intimidant, si hypnotisant qu'il lui était impossible de prendre du recul pour penser calmement. Car le regard de braise de cet homme était captivant, sa prestance était insoutenable tant elle vous faisait perdre pied, attirant votre attention dans toute son intégralité.

「 C'est bon... je ne t'embrasserai plus, content? 」

Mon dieu... Mais comment faisait-il pour en parler si librement, si simplement, alors que Totsuka s'interdisait même d'y penser. Parce qu'il avait apprécié cet instante inattendu. Parce qu'il avait espérer qu'il dure plus longtemps. Parce que c'était son roi. Son roi qui l'avait embrassé. Son ami. Son... modèle? Non, Suoh n'était pas le modèle du caméraman mais il était bien la personne la plus indispensable à sa vie. Certes, les membres de HOMRA était une partie intégrale de son existence mais sans Mikoto, elle n'aurait pas de sens. Il ne respirait que pour être à ses côtés, l'aider, le protéger même s'il n'en avait pas besoin, le rassurer, le faire rire, le taquiner et déceler ce que les autres ne pouvaient comprendre.

「 J'te tordrai juste le cou. 」

Ses lèvres se tordirent en un petit sourire.

La plaisanterie l'avait fait rire, si si. Car il n'y avait vraiment que dans ce genre de situation que Suoh pouvait sortir de pareilles vannes. Son humour noir était apaisant finalement. Car il laissait comprendre au blondinet qu'il n'était plus irrité. En tout cas qu'il essayait juste de relâcher cette ambiance lourde qui pesait au dessus de leur tête. Mais sans savoir pourquoi, Totsuka ressentit un besoin immense de le prendre dans ses bras. Tout était tellement embrumé dans son esprit, les menaces, le baiser, les questions qu'il ne voulait pas accepter. Tout s'embrouillait et rien ne se calmait. Ainsi des pulsions inexplicables commençaient à pointer le bout de leur nez dans l'esprit du guitariste, qui releva finalement la tête vers son roi.

Il tendit les bras vers son roi.

「 Alors... 」

Il laissa ses derniers mots atteindre son esprit avant d'encercler très délicatement les épaules de son roi. Il glissa ses bras dans son dos, les remontant lentement vers le cou du rouge, pour finir par s'y agripper tendrement. Désespérément. Comme s'il avait juste peur que son roi ne s'en aille. C'était ça en fait. Il avait peur de perdre sa relation avec son souverain, peur que son inutilité soit finalement évidente au chef de HOMRA et qu'il s'énerve. Qu'il s'emporte, qu'il se lasse de son inquiétude perpétuelle.

L'instant fut bref. Car la gêne vint très vite et le blondinet lâcha immédiatement le fumeur, se rendant compte de la naïveté de son geste, qui était en parfaite contradiction avec son précédent comportement. Il ne prit pas la peine de se justifier, sur le pourquoi du comment, sur pourquoi est-ce qu'il fuyait pour finalement enlacer son roi. Limite, on le disait enceinte juste pour justifier ses stupides sauts d'humeur. Mouais. Quand on a pas d'explication, rien de mieux qu'un sourire pour faire passer? Alors il sourit. Simplement. Pour faire oublier son comportement, pour lui même l'oublier. Oublier qu'il était contradictoire dans ses comportements. Finalement ce fut Suoh qui brisa le silence, relevant le fait que le guitariste n'avait... pas vraiment d'autre endroit où aller. Car oui, il passait le plus clair de son temps à HOMRA, principalement à dormir, que ce soit sur le canapé, dans la chambre d'Izumo en squattant son lit ou sur les fauteuils.

Mouais. Le rouge marquait un point. Le petit élan de peur du blondinet lui avait tellement retourné le cerveau qu'il n'avait même pas réfléchis correctement à sa prochaine destination. Il se gratta l'arrière de la tête, acceptant finalement la gêne qui pouvait l'habiter depuis son câlin.

« Euh... Je. Je crois que je suis crevé. » Il ria nerveusement, mais une voix calme et détendue.

Il contourna son roi pour aller récupérer sa housse, car il n'avait pas abandonné l'idée de ranger sa guitare. Lorsqu'il prit l'objet en main, il soupira calmement, un poids étrange se soulevant de ses épaules. Il retourna à son instrument, le glissa délicatement dans sa housse et la rangea finalement, pour la reposer à son endroit initiale. Tout ça pour ça quoi... Perte de temps, sérieux. Il retourna finalement auprès de son roi, glissant à ses côtés dans l'idée de retourner s'assoir sur le fauteuil. Il posa une main sur une épaule de son ami en passant à ses côtés, posant sur lui un regard calme et innocent, remplit de... simplicité.

« Excuse moi Suoh. » Souffla t-il tendrement, un sourire étincelant sur les lèvres.

Il lui adressa un regard assez indescriptible, sous-entendant qu'il ne voulait pas parler de ce qui lui avait prit. Aucunes questions sur ses émotions ne devaient être posées. C'était le message qui tapissait le fond des prunelles du caméraman, qui retourna s'assoir sur le canapé du bar, se laissant platement tomber sur le moelleux du siège, laissant son dos se relâcher, un soupire d'aise quittant ses lèvres. D'une voix mélodieuse, il invita son roi à revenir auprès de lui, reprenant un ton amicale et détendu:

« Tu veux faire quelque chose King? »

Et de nouveau un sourire naturel s'agrippa à ses lèvres. Bon donc... Fallait juste fermer sa gueule sur la petite "crise de panique" qu'avais eu le guitariste or donc. Non mais tout va bien... vas-y, pète tes durites tout seul Totsu', laisse juste tes principes de bases se casser comme tu veux et surtout, n'explique rien! Tout va bien. On t'aime quand même... Sale imbécile heureux contradictoire. Mérites des baffes ce gosse sérieux.

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