Après une petite série de chance, il joua de malchance, ce fut donc au tour de San-chan de lui poser une question –parce qu’autant dire que niveau action il était assez réduit. Et alors qu’il s’apprêtait à poser sa prochaine carte, il suspendit son geste, immobilisant la carte en l’air. La question de son ami le laissa…surprit et légèrement perturbé. Un peu amusé aussi, et heureux que qu’il se laisse prendre à son petit jeu, il ne put s’empêcher de laisser un petit rire s’échapper de ses lèvres.

Il reposa alors la carte, face toujours cachée, sur sa pile et porta alors son verre de jus d’orange à ses lèvres, se laissant un petit temps de réflexion. Avait-il déjà eut envie d’embrasser un mec ? Voilà une question intéressante… Il porta alors de nouveau son regard sur Bandō, lui souriant de façon tout à fait innocente.

-Oui, avoua-t-il lentement.

Puis il reprit une gorge de jus de fruit, la bouche rendu un peu pâteuse par cet aveu. Comment San-chan allait-il prendre cela ? A vrai dire, il ne savait même pas vraiment ce que son ami pensait des relations homosexuelles. Oh qu’on se rassure, il ne faisait pas un coming-out, mais il trouvait normal d’avoir eut envie au moins une fois d’embrasser un garçon, de savoir ce que ça faisait, si c’était vraiment différent au final… Enfin, il espérait juste que son ami d’enfance ne sauterait pas de suite aux conclusions !

Puis il reprit son sourire enjoué et reprit la première carte de sa pile pour la retourner sur la table, et gémit de dépit en voyant le deux de cœur apparaître. Il soupira et tourna de nouveau la tête vers Bandō, son sourire toujours aux lèvres.

-Hé ben j’crois que c’est de nouveau à toi d’me demander quelque chose ! lui lança-t-il comme une sorte de petit défis.

Oh que non, s’il pensait avoir trouver un moyen de lui faire arrêter ce jeu, qu’il ne se leurre pas ! Même s’il avait été légèrement embarrassé par la question de San-chan, Shōhei était bien décidé à aller jusqu’au bout ! Qu’il lui posa donc toutes ses questions gênantes, lui était bien décider à éclaircir le mystère qui entourait le comportement de son ami d’enfance ! Et comme pour accentuer le défis, il posa la carte suivante : un neuf de pique, puis il lança un regard plein de sous-entendu à son adversaire.

Ce serait à celui qui lâcherait prise en premier. Une sorte de guerre des nerfs, ou le vainqueur serait celui qui tiendrait le plus longtemps. Restait une seule chose à savoir…jusqu’où oseraient-ils aller ?

« Oui. »

Oui. Oui, il avait déjà désiré embrasser un mec. ... ouais, bon, ça a de quoi me surprendre un minimum - je ne m'attendais pas, mais alors pas du tout à une réponse d'une telle franchise. J'veux dire, certains auraient rougi, bafouillé, ou encore bien ce serait moqué... mais répondre oui de cette manière ? Faudrait-il vraiment être stupide, en fait. Ouais, Shōhei l'est bien, donc bon.

...

Aah, j'aurais presque envie de le rassurer. De lui dire que c'est pas un truc qui me dérange plus que ça. Mais le sourire revient rapidement sur ses lèvres - ce qui, je dois admettre, me rassure moi, plutôt. J'avoue que je voulais le gêner, le perturber, mais pas... pas ça. Pas un tel aveu, disons. Encore moins dit de cette manière.

« Hé ben j’crois que c’est de nouveau à toi d’me demander quelque chose. »

J'hausse un sourcil, avant de constater son deux de coeur - que je contrecarre avec cinq de coeur. Bououh, trop de coeurs. Mais cette fois-ci, l'idée de poser des questions m'inquiète un peu. Jusqu'à où irait sa franchise, à cet imbécile ? Surtout que là, niveau curiosité, ça lésine pas - une curiosité que je ne peux pas m'empêcher d'exposer.

Je me mords la lèvre, avant de le fixer droit dans les yeux.

« ... et... c'est qui ? » je demande, avant de récupérer les deux cartes - et de porter un rapide regard vers Izumo et Anna, vérifiant dans une certaine méfiance que leurs oreilles n'étaient pas parmi nous. Non pas que je leur porte confiance, hein. Juste... juste que ça craint un peu ? Putain.

En plus, j'ai le coeur qui se serre, à cette simple question. Pourquoi je m'inquiète de lui poser cette question ? Au pire, c'est pas comme si j'lui tiendrai compte de la réponse. Ou est-ce cette dernière, qui m'inquiète ? Non... quand même pas ? Et puis... il n'irait quand même pas me l'avouer, si ? Huu, j'me méfie.

« N-ne me réponds pas si tu n'as pas envie, hein ? » je précise malgré tout, avec un sourire gêné - parce que je ne veux pas qu'il se sente forcé par ce fameux jeu stupide. Non, c'est une conversation qu'on aurait peut-être pu avoir normalement, sans prendre une occasion pareille. « J't'oblige à rien... »

Ca me pince, merde.

Une pointe de jalousie, peut-être ?

Son sourire se fit plus doux, parce qu’il s’attendait à ce genre de question. Il se doutait bien avoir éveillé une certaine curiosité chez son ami. Mais malgré tout ça lui faisait un peu peur, et il cachait ça derrière son sourire –mais ses mains qui tremblaient légèrement si on les observait bien étaient un signe de la légère nervosité. Il passa d’ailleurs une main dans ses cheveux –il n‘avait toujours pas remit sa casquette d’ailleurs, qu’il chercha rapidement du regard.

Captant une tâche sombre sur le sol, il se baissa pour ramasser sa casquette et la nettoya sommairement. Il s’apprêtait en même temps à répondre à la question qu’on lui avait posée, mais son ami fut plus rapide et ajouta qu’il n’était pas obliger de donner une réponse. Doucement, Shōhei releva le visage vers San-chan et le regarda à son tour dans les yeux, avant de lentement secouer la tête de gauche à droite et de remettre son couvre-chef sur sa tête.

-Non, dit-il doucement, je veux répondre.

Parce que c’était peut-être l’une des seules fois où ils pourraient parler à cœur ouvert. Alors il voulait en profiter, et puis c’était lui qui avait lancé ça, qui serait-il pour ne pas respecter ses règles de son propre jeu ? Il se mordit un peu la lèvre inférieur malgré tout, et jeta à son coup un regard furtif sur les deux autres occupant –lui aussi n’avait pas vraiment envie que tout ça s’ébruite. Puis il tourna un visage au sourire un peu crispé vers Bandō, essayant se paraître aussi naturel que possible.

-En fait, j’ai jamais osé te demander d’essayer, répondit-il finalement d’une petite voix audible pour eux seuls.

Il avait essayé d’y mettre un ton amusé, un peu moqueur, mais le résultat était assez déplorable au final. Et ses joues se colorèrent peu à peu d’un joli rouge, avant qu’il ne détourna le regard, enfonçant sa casquette sur ses yeux, échappant d’une façon ou d’une autre au regard de son ami. Parce qu’il avait peur de sa réaction, peur qu’il ne le rejette. Cependant quelque chose au fond de lui le poussait tout de même à aller plus loin, à s’enhardir. Peut-être était-ce une erreur, peut-être perdrait-il définitivement son ami –mais il avait besoin de savoir quand même.

-Dis San-chan, demanda-t-il en faisant glisser ente ses doigts la prochaine carte qu’il était sensé posé, si je te demandais de m’embrasser, tu le ferais ? lui demanda-t-il finalement sans toujours oser le regarder.

Et il lui fallut un effort surhumain pour réussir à rejet un regard un coin à San-chan. Parce qu’il craignait ce qu’il allait lire sur son visage, dans ses yeux : horreur, dégoût, curiosité…ou autre chose ? Souhaitait-il seulement y voir autre chose ? Peut-être…il ne avait pas trop au final, et ça lui tordait affreusement l’estomac…

« Non. Je veux répondre. »

Ce ton de voix. Ce sérieux soudain. C'était à me demander si, sincèrement, je n'étais pas allé trop loin. En fait, je crois bien que j'ai fait une connerie. Qu'il m'ouvre son coeur ne me dérangeait pas dans le sens que c'était gênant, mais que... comment dire. C'est pas un truc que je ferais face à lui, personnellement. Je l'apprécie, hein, faut pas croire, mais... bah, de toute manière, c'est pas comme si je me confiais à qui que ce soit.

Et je m'installe un peu plus confortablement, fixant ses mains exprimer sa nervosité actuelle. Avant de remonter à son visage, m'efforçant de garder une expression calme - parce que franchement, là, j'ai qu'une envie, c'est de lui dire qu'on arrête tout. Qu'il se taise, qu'il n'en dise pas plus, et qu'à la limite on joue au Rami. Il me fait mal au coeur, à être aussi peu à l'aise. Sans compter ce sourire crispé - j'suis pas dupe non plus, hein.

« En fait, j’ai jamais osé te demander d’essayer. »

Ses paroles me font esquisser une grimace - essayer quoi, au juste ? Je me mords la lèvre en l'observant rabaisser sa casquette sur ses yeux, coupant le contact visuel. L'ambiance devient bizarre, putain.

« Dis San-chan... si je te demandais de m’embrasser, tu le ferais ? »

...

« Quoi ? »

Merde, j'ai l'impression de m'être pris un seau d'eau glacial sur la gueule. Et pas que, en fait. Même mon sang a l'air de s'être gelé instantanément.

« T'es sérieux ? »

J'me demande, à la limite, si j'dois rire ou pleurer. Mais à part un rictus entre l'agacement et la confusion totale, rien d'autre. Et je crois que le pire, c'est quand il relève la tête.

Est-ce que j'accepterai de l'embrasser ? Merde. A de cette stupide phrase, j'ai l'impression qu'il pourrait entendre mon cœur battre, dans ma poitrine. Tellement il cogne fort - surtout que j'en sais rien. Si j'accepterai ou non. Si... je passe une main dans mes cheveux, avant de secouer négativement la tête. Parce que putain, il a l'air sérieux, en plus de ça. Et ça me laisse pas de marbre, wah.

« ... et toi ? » je demande dans un grognement, avant de lui enlever la casquette de la tête - et de me rapprocher légèrement de lui, pour que mes paroles n'atteignent pas les autres. Tout en baissant les yeux sur ses lèvres - parce que je me sens tout simplement incapable de soutenir son regard. Pas après ça. « Tu... tu veux me demander ça, Shōhei ? »

Y'a un léger ton de provocation, dans ma voix. Sur un gros fond d'angoisse. Est-ce que je sais seulement ce que je suis en train de faire ? Merde, c'juste mes hormones débiles qui me travaillent depuis tout à l'heure. N'est-ce pas ?

« Je veux bien. Si tu me le... demandes. »

Je veux bien... parce que j'en ai envie aussi ? J'en sais rien. En fait, j'ai pas envie de réfléchir, là. Pas tout de suite, en tout cas...

Ah, ce n’était pas une bonne idée tout ça ! Il aurait dû le savoir pourtant, il aurait dû tout arrêter avant que ça ne dérape. Mais non, il avait fallu qu’il aille jusqu’au bout, persuader de maîtriser la situation. Sauf que voilà, ça venait de se retourner contre lui et il était sans nul doute en train de perdre son meilleur ami. Ce dernier voudrait-il seulement encore lui adresser la parole après ce qu’il venait de dire ?

Il s’apprêtait alors à ce lever, et rire, lui lançant que tout ça n’était qu’une mauvaise blague, qu’il le faisait marcher. Peut-être pourrait-il sauver les meubles, ou au moins quelques brides de leur amitié –parce qu’il ne voulait pas le perdre, il ne supporterait pas de le perdre. Mais alors qu’il esquissait un premier mouvement pour se lever, la voix de Bandō l’arrêta… Et lui ?...

Shōhei releva des yeux à la fois surpris et plein d’espoir sur ceux de son ami. Est-ce que… ? Son cœur rata un battement alors que les mots de San-chan faisaient leur bout de chemin dans son esprit. Vraiment ? Il n’avait qu’à lui demander ? Les battements dans poitrine s’accélérèrent d’un coup, en même temps que la coloration de ses joues montait un cran au-dessus. Il ferma un instant les yeux, tentant de se calmer intérieurement, parce que ça devenait un vrai capharnaüm sa tête ! Puis il les rouvrit, l’air plus que sérieux.

Il se rapprocha alors un peu à son tour, jetant un rapide coup d’œil à nouveau aux deux autres : Anna jouait dans un coin avec ses billes et Izumo leur tournait le dos, s’occupant de ranger son bar. Il se pencha alors un peu plus vers son ami, chuchotant pour être sûr que personne ne les entende.

-Embrasse-moi San-chan, lui demanda-t-il doucement, un vrai baiser…

Parce que ce n’était pas un simple contact de lèvres à lèvres qu’il voulait. Ça c’était pour des gosses de six ans. Non, ce qu’il recherchait c’était un vrai baiser, il voulait découvrir le gout de San-chan, il voulait sa langue entre ses lèvres, contre sa propre langue. Un baiser d’adultes, un vrai baiser en somme.

Sans doute que si en cet instant, il avait réussi à décortiquer tous ses sentiments, il lui aurait demandé de le dévorer en entier, et pas seulement la bouche. Seulement voilà, rien que l’idée déjà de l’embrasser le mettait dans tous ses états, alors le reste, on verrait plus tard, bien plus tard. Lorsqu’ils seraient seuls et que chacun aura réussi à faire le point –ou pas, mais ça c’est une autre histoire.

« Embrasse-moi San-chan. Un vrai baiser… »

... un vrai baiser ? Je le regarde un instant, avant d'esquisser un sourire agacé. Pourquoi il doit m'en demander tant, l'imbécile ? Pas que je ne veuille pas, mais... merde, ses paroles m'ont fait un sacré effet - j'ai l'impression que mon coeur va m'étouffer, en fait. Et que mon corps rentre dans une forme de léthargie, j'en sais trop rien. Mon cerveau fonctionne au ralenti aussi, pour le coup...

Et doucement, j'attrape sa mâchoire entre deux doigts, l'obligeant à relever légèrement la tête vers moi. C'est mal, de s'embrasser dans les lieux publiques. Je le sais. Mais je sais pertinemment que si je lui prends la main pour l'amener ailleurs, j'en aurais plus envie. Ou je ne le ferai pas. Parce que mon cerveau aura eu le temps d'analyser la situation, et d'y mettre fin avant qu'il ne soit trop tard. Et actuellement, j'en ai envie. J'ai pas envie de... laisser passer ce genre d'occasions.

Je vais l'embrasser chastement, une première fois - juste histoire de découvrir ses lèvres, sans y plonger directement la langue. Avant d'y revenir, appuyer légèrement sur sa mâchoire pour lui indiquer d'ouvrir la bouche. Glissant maladroitement ma langue entre ses lèvres - léchant juste sa lèvre supérieure, doucement. Pour revenir me quérir de la sienne, frissonnant en sentant cette chaleur humide... bien loin d'être désagréable. Plutôt surprenant, en fait... et... embrasser Shōhei n'est... pas mauvais ? J'en sais rien. Ca tient plus d'une découverte qu'un profit, pour le coup.

Mais je me sépare rapidement de lui - sans creuser une très grande distance non plus -, le feu aux joues. Avant de lâcher sa mâchoire, surpris.

« Ah... »

Je serre les dents, avant de me reculer. Et passer un doigt sur mes lèvres, un peu comme pour essuyer les traces de cet acte. Je l'ai embrassé pour de bon, alors ? J'ai senti ses lèvres, sa langue... j'ai apprécié. Un peu. Une douce chaleur qui s'étend dans mon bas ventre, alors que je lâche un soupire.

« C'était bizarre... »

J'ai la voix un peu hésitante. Et l'envie de recommencer. De regoûter à ses lèvres - ce contact en soit n'était pas si désagréable, je dois bien l'admettre. Mais trop bref.

Mais non. Nous sommes dans le bar.

... oh putain. Et s'ils nous avaient vus ?

Je lui plaque une main sur le crâne, avant de l'obliger à se plier en deux - même si j'ai envie de le tuer, au fond de moi. Aaah, merde, merde !

« Idiot !! » je m'énerve en me penchant vers lui, pour avoir ma bouche au niveau de son oreille - et que donc seulement lui m'entende. Et que nos têtes soient cachées par le dossier du canapé. « Et si Izumo-... merde, s'ils nous auraient vus ?! »

Je le relâche légèrement - juste la pression, hors de question qu'il se relève. Vu comment je dois être rouge pivoine, j'ai pas envie qu'il voit ma tête. Et je jette un rapide regard vers les deux présents dans le bar - mais qui ne semblent pas... avoir vu quoi que ce soit. Quoi que, Anna, on peut pas vraiment savoir, avec elle. Mais elle ne dira rien, n'est-ce pas ?

« T'es vraiment qu'un idiot, Shōhei ! »

Hein ? C'est moi qui l'ait embrassé ?... RIEN A FOUTRE. Il avait qu'à pas me le demander, ni me faire un tel effet, merde !

Spoiler:

Oh Dieu ! Oh dieu ! Il l’avait fait ! Ça n’avait d’abord qu’un bref contact qui l’avait électrisé, et il avait alors fermer les yeux pour mieux apprécier la suite. Puis ce fut le contact humide de sa langue sur ses lèvres, et il entrouvrit automatique ses dernières, lui laissant le passage. Il le sentit alors se glisser, venir chercher sa langue. Le baiser fut maladroit certes, mais ça éveillait en lui d’étranges sensations. Il avait l’impression qu’une multitude de papillons avaient élus domicile dans son ventre et n’arrêtait pas de voleter en tout sens.

Mais c’était pas désagréable, loin de là, il appréciait ce contact, peut-être même un peu trop. Aussi, lorsque San-chan se recula, après seulement un court instant, il dut retenir une plainte. Il en voulait encore, il voulait plus de contact, il voulait de nouveau sentir sa langue contre ses lèvres, il voulait à son tour le découvrir. Il rouvrit alors doucement les yeux pour les poser sur San-chan.

Bizarre ? Oui, pour sûr, ce qu’ils venaient de partager était étrange, mais bordel ça avait bon ! Pour lui en tout cas ça l’avait été, il ne savait pas trop ce qu’en pensait son ami, mais lui avait envie de recommencer, juste pour voir si ça ferait encore la même chose. Sauf qu’il n’eut le temps dire ou faire quoique ce soit que Bandō réagit en lui plaquant une main sur le crâne pour le forcer à se baisser, le cachant derrière le dossier du canapé, avant de le rejoindre.

Ses mains se resserrèrent sur le tissu du canapé sous le coup de la peur. C’était vrai et si on les avait vu, que penseraient les autres ? Que diraient-ils s’ils apprenait qu’ils c’était embrassés ? Une vague d’angoisse remonta dans son corps, qui se mit légèrement à trembler, et sa respiration se fit un peu plus saccadée. Il ferma à nouveau les yeux, alors que San-chan le traitait à nouveau d’idiot. Oui il était un idiot, rien de plus qu’un idiot, doublé d’un imbécile finit !

Pourquoi, merde, pourquoi lui avait-il demandé de l’embrasser ? Il aurait simplement put rester sur la blague stupide et tout se serait finit sans anicroche, ils auraient alors reprit le cours normal de leur vie. Mais là…qu’allait-il se passer ensuite ? Parce qu’il y avait toujours cette envie tapie qu fons de son ventre, celle de recommencer, de lui demander de l’embrasser à nouveau, plus longtemps. Lentement, il se laissa tomber en avant, atterrissant sur les cuisses de son camarade, gardant les yeux fermer.

-J’suis désolé, laissa-t-il échapper doucement. J’suis désolé San-chan, réitéra-t-il, j’voulais pas…j’te jure que c’était pas mon intention…

Il porta une main sur son abdomen, serrant son t-shirt cette fois, parce que quelque chose lui faisait mal. Son ventre ? Ou son cœur peut-être ? Il ne savait pas trop, il voulait juste que ça arrête, que tout redevienne comme avant.

-Ils…ont rien vu hein ? demanda-t-il finalement, toujours aussi doucement pour que seul Bandō l’entende.

Et il n’osait toujours pas bouger, il ne voulait pas croiser le regard de son ami, parce qu’il savait que s’il le voyait maintenant, il ne pourrait pas s’empêcher de l’embrasser à son tour. Rien que d’y penser, il se lécha les lèvres, se demandant s’il pourrait y retrouver le goût de son ami.

-Alors…on fait quoi maintenant ? reprit-t-il tout à coup. On…oublie tout ? le questionna-t-il la gorge serrée.

Parce que lui il ne pourrait pas oublier, lui ne voulait pas oublier. Mais si c’était le souhait de son ami…alors il rangerait ça dans un coin de son esprit pour tenter de l’oublier –même s’il savait qu’il n’y arriverait jamais. Bon, tout ceci avait été trop bon…

« J’suis désolé. J’suis désolé San-chan, j’voulais pas…j’te jure que c’était pas mon intention… »

Je soupire, avant de faire claquer ma langue. Bien entendu que je savais que ce n'était pas dans ses intentions, d'en venir là. 'manquerait plus que ça, qu'il le fasse exprès... et si ma poigne était brusque, tout à l'heure, je me détends légèrement, glissant mes doigts entre ses cheveux. Et j'ai l'estomac qui se serre en repensant à tout à l'heure, quand je lui ai caressé sa mèche. C'était débile, hein ?

« Ils…ont rien vu hein ? »

J'hausse les épaules, sans pour autant lui répondre - je pense que si Izumo aurait vu quoi que ce soit, il y aurait eu un quelconque commentaire. Ou une petite réflexion, toussotement... quant à Anna... hum. Pas comme si elle allait réagir à ce genre de situations.

« Alors…on fait quoi maintenant ? On…oublie tout ? »

...

... w-wah. Comment il ose me demander ça ? C'est parce que je l'ai traîté d'idi- ... non. Non. Il a pas tout à fait tord, dans sa question. Dans le fait de ce qu'on fait, à présent. Ce baiser... il voulait dire quoi ? Je grimace, gêné.

« C'est pas une question d'oublier, » je rétorque, avant de passer une main sur mon visage, pour tenter de masquer un minimum la rougeur de mes joues. « Je- »

Je m'interromps, avant de laisser échapper un grognement agacé. Je quoi ? J'ai bien aimé, j'ai bien envie de recommencer, mais là, ça parlerait d'un niveau relationnel. Et non, je n'ai pas envie d'entreprendre un truc pareil avec ce type. C'est... argh, non. Rien qu'à l'idée d'y penser, ça m'emmerde. Comment est-ce que je pourrais le supporter ? Et comment même je peux imaginer un instant avoir une relation avec lui ?!

Je pose mes yeux sur sa chevelure blonde, avant de secouer négativement la tête.

« Pourquoi est-ce que tu as voulu que je t'embrasse, d'abord ? C'était par curiosité, non ? »

Pour le essayer. Il était plutôt significatif, non ? ... merde, au final, c'est moi qui me suis emporté. Pas lui. Je me mords la main, de moins en moins à l'aise. J'ai vraiment fait n'importe quoi, putain !

Puis merde, j'en ai marre.

« J'vais y aller. »

Je n'attends pas spécifiquement sa réponse. Je jette un dernier coup d'oeil aux deux paquets de cartes, avant de me relever, et me diriger vers la sortie. Trop perturbé même pour dire au revoir à Izumo et Anna. Mais j'ai besoin de partir. J'ai besoin de respirer de l'air frais, pour calmer les ébats de mon cerveau. Les battements de mon coeur.

Spoiler:

La main dans ses cheveux l’apaisa un peu, enfin, façon de parler, disons que ça avait calmé sa vague d’angoisse, mais pour le reste… Son estomac était toujours semblable à un ciel de premier jour de l’an ! Ça explosait dans tous les sens et il n’arrivait pas clairement à identifier d’où sa venait. Puis un petit soupir de soulagement lui échappa, il pourrait garder précieusement ce souvenir au fond de son cœur.

Cependant il se crispa légèrement lorsque la question tomba. Juste par curiosité ? Non, il c’était simplement caché derrière ce prétexte, parce qu’il savait bien qu’il y avait autre chose derrière. Mais ça il ne se sentait pas encore prêt à l’avouer, ni même à l’accepter. Il déglutit difficilement, serrant un peu le s lèvres, mal à l’aise. Il ouvrit une première fois la bouche pour répondre, mais rien ne sortit. Il se redressa alors pour finir son verre d’une traite ; sa gorge était décidément trop sèche pour qu’il parle.

Ce fut à ce moment-là que San-chan décida de partir. Il le regarda se lever sans bouger. A quoi cela servirait-il de le retenir de toute façon ? Ils étaient aussi paumés l’une que l’autre, ils avaient besoin de faire le point. Lui avait besoin de calmer ses sentiments, de comprendre ce qui lui arrivait. Enfin, dans tout ça en fait, il était sûr d’une chose…

-C’était pas que par curiosité, répondit-il finalement. J’voulais…vérifier quelque chose, avoua-t-il d’une petite voix.

Il serra les poings lorsqu’il entendit la porte d’entrée s’ouvrir et se refermer, avant de cacher son visage dans ses mains, se traitant mentalement de tous les noms. Il soupira, retenant ses larmes, se mordant la lèvre inférieure pour ne pas se laisser aller, cherchant à s’occuper l’esprit. C’est alors qu’il se rappela le jeu de cartes. Se redressant, il porta son regard sur les cartes, dont la pile qu’il avait laissé échapper à terre lorsque San-chan l’avait embrassé.

Il s’empressa alors de les ramasser, mais se stoppa net en voyant la carte du dessus qui c’était retourné. La prochaine carte qu’il aurait du poser : l’as de cœur… Signe ? Il n’en savait, tout comme il ne sut jamais pourquoi ce fut cette carte là qui le fit craquer. Deux sillons humides commencèrent à glisser lentement le long de ses joues alors qu’il ramassa la carte pour la poser délicatement sur le tas pour ensuite toutes les rangers dans leur boite.

Il posa cette dernière sur la table basse, le temps que ses larmes silencieuses se calment. Puis il essuya son visage avec son t-shirt, récupéra ses affaires et se rhabilla pour sortir. Il grimaça un peu lorsqu’il dut remettre sa chaussure, mais aucun son ne lui échappa. Enfin, il put se remettre debout et attrapa les béquilles pour ne pas tomber. Il ramena simplement le paquet de carte sur le comptoir et sourit simplement à Izumo avant de se diriger à son tour vers la sortie.

-Au revoir Kusanagi-san, Anna, leur dit-il. A demain ! lança-t-il d’un ton aussi joyeux que possible.

Puis il poussa la porte à son tour pour se retrouver dehors, seul. Bien, il supposait qu’il ne lui resterait plus qu’à rentrer chez lui… Tiens, pour la peine ce soir il mangera chinois ! La flemme de faire la cuisine et les courses, une fois n’est pas coutume…