Une semaine… Une putain de semaine qu’il avait pas franchit les portes de Homra. La seule excuse valable qu’il avait trouvé à sortir ? Sa cheville le faisait atrocement souffrir et il préférait éviter de trop bouger pour la laisser guérir… Autant dire qu’il allait passer pour une chochotte, mais qu’importe au final, car au moins il avait put passer une semaine tranquille. Enfin tranquille…déplorable plutôt, mais personne n’était venu le voir, au moins pouvait-il garder un minimum de fierté.

Non parce que c’était pas faute d’avoir actuellement une tête de zombie… Faut dire qu’il n’avait pas fait grand-chose non plus cette semaine –et comme il l’avait dit, il n’avait pas bougé… Pour résumer, lorsqu’il était rentré chez lui, la première chose qu’il avait faite avait été de s’écrouler lamentablement sur le canapé et de finir d’épancher ses larmes jusqu’au soir. Après quoi il avait réussit à se rendre vaguement présentable pour descendre au petit chinois en bas de chez lui. Et le reste de la soirée il l’avait passé à s’insulter de tous les noms d’oiseaux qu’il connaissait dans toutes les langues qu’il connaissait –ce qui se résumé à sa langue natale le japonais et l’anglais.

Le deuxième jour n’avait guère été mieux et il avait commandé une pizza pour la journée, parce que oui il avait l’estomac barbouillé et avait l’impression qu’il allait rendre chaque bouchée qu’il prenait. Il avait pleuré aussi, beaucoup. Il avait dormit…énormément. Et il n’avait pas répondu à ses appels. Il avait juste rappelé Kusanagi, dans un moment où il était à peu près réveillé et pas encore en pleurs, pour lui dire qu’il n’était pas bien et que sa cheville lui faisait mal, donc il préférait rester chez lui. Autant dire que vu la voix éteinte qu’il avait, ça n’avait pas été très difficile de convaincre le barman. Ce fut par contre moins facile de les persuader qu’il allait s’en remettre tout seul et que ce n’était pas la peine de lui rendre visite. Il ne tenait pas particulièrement à ce qu’on le voit dans cet état.

Le troisième et le quatrième jour, il avait été dans un mode "épave échouée au fond de l’océan", autrement dit il n’avait presque pas bougé de son lit, éteignant jusqu'à son portable pour ne pas se faire harceler. Il n’avait même pas bouger ses fesses, lorsqu’on avait sonné à sa porte : il ne voulait voir personne. Alors que cela soit sa putain de voisine venu encore lui réclamer du sucre, ou un pote venu s’enquérir de son état, il s’en foutait un peu royalement pour le coup ; il aurait juste voulut disparaître, revenir dans le temps et empêcher cette catastrophe de se produire.

Le cinquième jour, il avait juste levé son cul pour le poser sur son canapé, devant sa télé éteinte à regarder sa tête de zombie, se posant tout un tas de questions existentielles. Pourquoi avait-il tant tenu à embrasser son meilleur ami ? Pourquoi est-ce qu’il avait autant apprécier ? Comment un baiser pouvait être aussi bon ? Est-ce que ça voulait dire qu’il était gay ? Et San-chan, est-ce qu’il voudrait encore seulement lui parler, l’approcher ? Est-ce qu’un semblant de relation était seulement possible avec lui ? Et puis d’abord, quel genre de relation est-ce qu’il voulait avec lui ?

Autant dire qu’il n’avait pas put répondre à beaucoup d’entres elles, et il était ressortit de ses réflexions, aussi paumé qu’il y était entré ! Parce qu’en plus, lorsqu’il trouvait une réponse à une question, cette même réponse apportait encore plus de questions… Un cycle infernal qui au final ne lui donnait rein d’autre qu’un putain de mal de crâne !

Alors le sixième jour, il avait décidé de bouger. Il s’était forcé à se lever, à s’occuper un peu de sa tête de zombie. Il avait mangé, et il avait même rallumé son portable, parcourant rapidement ses mails et ses appels manqués. Mais ce n’est pas pourtant autant qu’il rappela les gens : il ne se sentait pas encore la force de faire face au monde. Néanmoins, il était partit faire des courses à la supérette du coin, histoire de se faire un vrai plat. Il reprenait du poil de la bête, il retrouvait sa motivation –après la pluie le beau temps.

Et aujourd’hui il était là, devant le bar, à s’en vouloir de ne pas avoir donné de nouvelles pendant tout ce temps. Mais finalement cette semaine loin de tout lui avait fait le plus grand bien. C’est donc avec une motivation nouvelle qu’il poussa la porte, un grand sourire aux lèvres et les béquilles sous le bras –parce que finalement sa cheville allait beaucoup mieux, même s’il boitait encore un peu.

Une fois la porte passé, il fut étonné de ne voir qu’Izumo derrière le bar : les autres avaient-ils encore déserté ? Bah, il haussa simplement les épaules –c’était pas faute de n’avoir été au courant de rien pendant quelques jours– et se rendit immédiatement près du bar pour rendre les béquilles au barman.

-Shōhei-kun, ça faisait un moment ! l’accueillit le barman. Ça va mieux ? lui demanda-t-il.
-Ah désolé, s’excusa le plus jeune. Oui, ça va beaucoup mieux, merci.
-Pense à donner plus de nouvelles la prochaine fois, le fustigea-t-il gentiment.
-Oui, promis je le ferais, répondit- ce dernier.

Puis Izumo partit ranger les béquilles à l’étage, tandis que lui s’installais tranquillement au bar. Sauf que voilà, du coin de l’œil, il capta une silhouette à l’extérieur. Et il la reconnue cette silhouette qui se rapprochait, il l’aurait même reconnue entre mille : San-chan. Et une sorte de peur panique le prit, mais le genre incontrôlable. Parce que si en entrant il se sentait prêt à affronter son meilleur ami –pouvait-il d’abord toujours l’appeler ainsi ?–, la présentement, tout sa motivation c’était la malle aux Bahamas et l’avait laissé joyeusement en plan.

Alors il fit le première chose que lui commanda son instinct : la fuite. Mais pas n’importe où attention hein, il avait fuit…aux toilettes… Moui parce que bon tant qu’à faire autant se trouver une vague excuse, mais alors très vague hein. Même si en fait il ne pourrait sûrement pas prétendre y passer sa journée ! Dans tous les cas, ce fut un jeune homme légèrement boitillant qui s’engouffra à vitesse grand V dans les toilettes –en même temps que la porte s’ouvrait– et partit se plaquer contre le mur à côté de la porte.

Son cœur battait la chamade, et il ne savait pas vraiment pourquoi –est-ce qu’il n’y avait que la peur ? Il inspira et expira longuement, la main crispée sur la poitrine, essayant de calmer d’une façon ou d’une autre le rythme effréné de son organe vital. Mais bon, autant dire que ce fut peine perdue, surtout lorsque la voix de son ami retentit dans le bar…

« YATA EST UN IMBÉCILE !! »

C'est la seule chose que je trouve à gueuler, en rentrant dans le bar - précisément, en rentrant d'une aventure à la con avec cet imbécile de skateur. Enfin, à la base, c'était une quête en tout honneur : trouver une jolie fille avec qui passer la soirée. Mais ça, c'était sans compter que la timidité de Yata - que je pensais qu'il ferait un minimum d'efforts. Merde, il a 19 ans, et, et... il est même pas capable d'en regarder une en face.

Bref, donc l'histoire est que moi, du moins, j'avais trouvé une fille potentielle. Jolie blonde, avec de magnifiques yeux bleus et un bonnet... pas digne de la tête de Yata. Un petit bonnet, en fait, mais elle était jolie. Avec un joli sourire, des jolies dents, et une manière de parler des plus adorables... je lui ai parlé. (si vous voulez savoir, non, je n'avais pas mes lunettes, juste la casquette et la capuche. Et un pantalon. Puis, des chaus- bref.)

Sauf que, élément perturbateur : Yata Misaki, alias Yatagarasu. Que l'on peut réellement appeler ainsi par sa manière à apporter la mauvaise augure, pour le coup. N'est-ce pas cet imbécile qui a commencé à paniquer en me voyant parler à une si charmante demoiselle, apparemment ? Avant de m'en coller une en me traitant de pervers "uniquement intéressé par les jeunes lycéennes" ? A-t-il tout simplement oublié mon âge ?!

Et donc ça a résulté d'une putain de claque dans la gueule. D'un râteau, d'une honte intersidérale - parce que tout le monde a entendu les propos de l'autre idiot, et a vu la jolie gifle que je me suis mangé. Les deux, même.

Donc voilà pour l'histoire, qu'au passage j'ai entrepris d'expliquer à Izumo-san - qui en ressort avec un stupide sourire amusé.

« Au fait, Shōhei est là ! »

... je me mords juste la lèvre, sentant un frisson désagréable me prendre. Putain. C'est pas ma journée, c'est ça ?

... non. Non. Ca ne... ça ne me déplaît pas plus que ça, qu'il soit là. À vrai dire, de ne pas le voir d'une semaine... ça m'a fait un sacré vide. Mais pas un vide genre, son meilleur ami part ou quoi hein, plus un vide, quand on confie son chien à la voisine pour partir en vacances. Une compagnie constante qui cesse du jour au lendemain.

Même s'il y a l'histoire du baiser. C'est vrai qu'on... qu'on aurait dû en parler. Par n'importe quel moyen. Je n'aurais pas dû partir. C'était un peu con de ma part - mais merde, j'étais paumé ! Là, comme ça, embrasser Shōhei - et, pire que tout, apprécier, bordeeel ! Non, parce que, encore, j'aurais pas aimé ou quoi, j'en aurais rien eu à foutre ! Mais là ! Là, c'était - jhfrjfjrh. Non, c'était quelque chose que j'aurais souhaité approfondir. Réessayer. Apprendre, le comprendre, en découvrir un peu plus - merde, ça, je le sais, je le sais parfaitement. Parce que j'y ai pas mal pensé malgré tout, le soir.

Parce que, après, j'ai laissé cette histoire de côté. Je ne l'ai plus revu, alors plus question d'y penser. De toute façon, c'est pas comme si j'avais envie d'y penser, hein. Mais bon, je dois l'admettre - il m'a un peu manqué. Mais comme expliqué en haut, hein, j'change rien à mes dires.

Et là... j'ai envie de le revoir, oui. Pour lui en coller une. Lui dire que c'est qu'une chochotte, à rester enfermer chez lui pour une cheville - et j'espère bien que c'était pour ça. Pas juste qu'il cherchait à me fuir.

Mais d'abord, j'vais pisser. Parce que j'ai beaucoup bu, donc ouais j'ai envie de pisser, normal...

...

Et est-ce que je m'attendais à tomber sur Shōhei en ouvrant la porte ? Pas vraiment.

« Apparemment, y'a que des imbéciles à HOMRA ! » je m'énerve, avant de lui taper du plat de la main sur la tête - pas un truc très méchant, mais qui laisse à sous entendre que j'ai pas envie de rigoler, pour le coup. Bon, ok, j'ai pas souvent envie de rigoler avec lui vous allez me dire. Mais il me fruuuustre ! « Et chochotte, en prime ! » je grogne, avant de jeter un coup d'oeil à son pied. Et de le regarder de nouveau. Et de froncer les sourcils. Surpris. Quelque peu... troublé ? « Shōhei... ? J't'ai fait mal ? »

Peut-être était-ce ce que j'espérais. Parce que là, c'est moi, qui commence à stresser.

... Pourquoi je stresse, au juste ? Par peur de... de le perdre à cause de cette stupide histoire ? Non. Non. Ce type me ferait des vacances s'il venait à me foutre la paix. Enfin... 'tin, non. Sans mentir, j'crois que j'aimerais pas le perdre. Mais alors, pas du tout.

Un sursaut le prit lorsqu’il vit entrer San-chan à côté de lui, et son cœur rata aussi un battement avant de s’affoler un peu plus. La main de son ami qui vint frapper le haut de son crâne lui fit baisser instinctivement la tête. Mais il ne releva pas immédiatement cette dernière, se mordant la lèvre pour ne pas se mettre à courir de l’autre côté du bar, chose qui aurait parut plus que suspecte ! Alors il resta là, planté comme un couillon, la tête basse, attendant quelque chose. Quoi, il n’en savait rien, un signe peut-être ?

Puis la voix…inquiète ? de son ami le fit tiquer. Il força alors un sourire à étirer ses lèvres, un sourire comme il avait l’habitude d’en arborer, simple et gentil. Puis il lâcha enfin son t-shirt, lissant les plis pour se donner un peu de temps de rendre son sourire le plus vrai possible. Même si le résultat resterait sans doute en deçà de ce qu’il pouvait faire en tant normal. Mais malgré tout, il se força à lever la tête, posant enfin ses yeux bruns sur le visage de son ami. Il secoue doucement la tête.

-Oh non t’inquiète pas, j’ai la tête dure, le rassura-t-il. La preuve, même les escaliers n’ont pas eut raison d’elle, tenta-t-il de faire de l’humour -raté notons-le.

Ouais, enfin ils avaient sans doute eut raison de certains de ses neurones… Nah parce que là il frôlait un peu le ridicule, surtout qu’il passa la main dans ses cheveux, un peu mal à l’aise, ne sachant vraiment comment agir. Devait-il faire comme si rien ne c’était passé ? Devait-il au contraire lui en parler, mettre les choses à plat ? C’était bien ce qu’il comptait faire au début de la journée, du moins depuis qu’il c’était levé et tout le long du chemin jusqu’au bar.

Mais dés qu’il avait entrevu San-chan, il avait paniqué, et toutes ses belles résolutions s’étaient envolées. Il ne savait plus quoi faire, il était perdu. Il prit alors une grande inspiration, s’adossant un peu plus au mur, croisant les bras dans son dos, comme si c’était tout à fait normal qu’il se soit trouvé là comme par hasard… Sauf que dans son dos, il se triturait les mains de nervosité.

-Alors…quoi d’neuf depuis une semaine ? lui demanda-t-il aussi naturellement que possible.

Sauf que voilà, il n’arrivait pas à soutenir plus longtemps le regard de son ami, et il finit par détourner la tête, pour regarder…une porte de WC… Ah mais très intéressant les porte de toilettes hein ! Surtout pour l’étude du bois, joli d’ailleurs le vois, très joli. Peut-être qu’avec des sculptures ça aurait eut un meilleur rendu…ou pas…et il en savait rien en fait et il s’en foutait bordel ! Et pourquoi cet enfoiré de cœur continuait à battre aussi vite putain !

Il finit par fermer les yeux, perdant son sourire l’espace d’un instant, mais se forçant à le retrouver très vite. Il réussit à nouveau à regarder San-chan, mais pas très longtemps encore une fois. En fait, il ne pouvait pas rester concentrer sur lui sans sentir sa nervosité augmenter, ainsi que d’autre chose, comme cette foutue envie de venir se coller contre lui, comme quand San-chan le portait, de retrouver sa chaleur.

Et ses lèvres aussi, ce baiser trop bref qu’ils avaient partagés hantait toujours son esprit, et il ne pouvait s’empêcher de jeter des regards furtifs à ses lèvres qui bougeaient… Il aurait plutôt voulut qu’elles viennent bouger sur les siennes et l’embrasser à nouveau. Mais il était juste taré n’est-ce pas ? On ne pouvait décemment pas ressentir de tel choses pour son meilleur ami sans un être un minimum cinglé…n’est-ce pas ?

Ce sourire. Ses doigts précédemment resserrés sur son T-shirt. Personnellement, c'est mon coeur, qui se serre.

« Oh non t’inquiète pas, j’ai la tête dure. La preuve, même les escaliers n’ont pas eu raison d’elle ! »

... Personnellement, je n'arrive même pas à lui rendre son sourire. Qu'est-ce qu'il a, alors ? C'est réellement à cause de ce qu'il s'est passé, qu'il a l'air aussi... mal à l'aise ? Qu'il se force à sourire de cette manière ? J'ai une grimace, avant de détourner le regard. De toute manière, à quoi je voulais m'attendre ? On s'est embrassés, et je me suis tiré sans même chercher la moindre explication. Il a mal dû le prendre. Et ce serait tout à fait normal - quoi qu'un peu chiant, en fait.

« Alors…quoi d’neuf depuis une semaine ? »

... quoi ? Alors là, pour le coup, j'ai juste un sourire moqueur - avec une noisette de désespoir dans le regard. Il est sérieux ?

« J'voulais juste aller pisser, » je rétorque en désignant les toilettes du menton - qu'il regarde actuellement. Normal. Hum. « Puis c'est pas vraiment l'endroit idéal pour parler, tu sais ? Sauf si t'as décidé d'y monter ton propre QG. » J'ai un léger moment de réflexion, avant de froncer les sourcils. « Et je vais aller pisser, » je rajoute, avant de faire pour m'éloigner - et de me diriger vers les toilettes. Parce que oui, malgré ses envies bizarres, à Shōhei - comme aller squatter les toilettes pour- ...

... je m'arrête à mi chemin, avant de me tourner vers lui. Qu'est-ce qu'il fout là, au juste ? Il... il n'a quand même pas voulu me fuir ? Si ? Putain, j'ai un frisson d'angoisse, pour le coup. Un frisson bien froid, bien désagréable. Et une colère qui me grimpe lentement - mais celle là, j'vais devoir l'étouffer, je crois. Il a déjà assez l'air... nerveux comme ça.

« T'as vraiment un caractère que j'supporte pas en général, mais là, tu dépasses tout. »

Bon, on s'entend bien que je ne le "supporte pas" parce que, bien entendu, ce type est un peu trop... parfait sur les bords. Bien qu'aujourd'hui, il montre clairement qu'il ne l'est pas toujours - et c'est loin de me soulager, au contraire.

« Les... les défauts ne te vont pas. »

Oui, c'était dit bizarrement, mais... j'en sais rien. Il me perturbe, merde ! Il est pas le seul à être nerveux, mais moi au moins, j'en fais pas un chichi !

« Mais sur ça, au moins, je suis meilleur que toi, » je lâche alors, avec un sourire crispé. « Mais j'aurais préféré qu'on soit à égalité. »

Dis, Bandou, tu te rends compte que si ce n'est pas le cas, tu vas te prendre un putain de bide ? ... Bon, c'pas comme si t'en avais pas l'habitude, hein ?

« Que tu me fuis, que tu me foutes la paix, c'est vrai que j'en aurais rêvé, à un moment. »

C'est moi, où j'ai la sensation d'un peu trop parler ?

Je glisse une main sur mon visage, avant de secouer négativement la tête. Merde, mon coeur bat tellement vite. Qu'est-ce que je peux lui dire, hein ? Qui pourrait calmer la situation ? Rien. Rien. J'en sais pas mieux moi-même. Juste que... je ne veux pas le perdre.

« Mais j'en ai pas envie. »

Non, actuellement, j'ai envie de pisser. Mais aujourd'hui, je vais éviter de... fuir ? J'irai aux toilettes quand ça ira mieux. Du moins, quand notre conversation aura pris un point final - et bon, si ça tarde trop, il ira se faire foutre, j'irai en plein milieu.

Spoiler:

Il baissa à nouveau la tête, et son cœur le faisant souffrir. Il avait juste l’impression qu’un fossé c’était creusé depuis entre eux, et il n’aimait pas ça, mais alors pas du tout. Parce que ça voulait dire qu’il était en train de perdre son meilleur ami, et qu’il ne savait pas s’il pouvait encore sauver les meubles. Bien qu’un sourire un peu moqueur le prit à la remarque de San-chan. Oh que si des défauts il en était bourré… Mais là ne semblait pas être la question du jour.

Plus les mots l’atteignaient, plus il rentrait la tête dans les épaules, plus il avait mal, plus il avait envie de fuir à l’autre bout de la terre pour éviter ça. Il avait vraiment merdé sur toute la ligne, et il regrettait chaque parole, chaque geste qu’il avait put avoir. Il n’était vraiment qu’un idiot, comme son ami d’enfance aimait souvent à le lui rappeler. Et il se demandait encore pourquoi il n’avait pas tout arrêté avant que ça dérape. Mais peut-être justement avait-il fallut que ça dérape, pour qu’ils puissant enfin parler à cœur ouvert. Exactement comme Bandō venait de le faire à l’instant…

Shōhei releva vivement la tête à la dernière phrase de ce dernier. Il n’en avait pas envie ? Etait-ce de l’espoir qui se formait dans son ventre ? Alors qui s’était apprêtait à renoncer à toute forme de relation avec San-chan. Ce fut alors un sourire, un vrai, qui étira ses lèvres, et il ne réussit pas à le réprimer celui-là –il n’en avait pas envie non plus. Parce que ça voulait dire que d’une certaine façon, son ami tenait à lui, au moins un peu. Assez pour ne pas le laisser partir –du moins espérait-il.

-T’as toujours été plus doué que moi, lâcha-t-il dans un souffle.

Puis il prit une inspiration et cherchant un instant ses mots. Parce qu’il sentait que c’était maintenant ou jamais, ils étaient sans doute à un moment crucial de leur vie, celui qui pourrait tout changer, en bien comme en mal. Du moins c’était ainsi qu’il le ressentait. Et il ne voulait plus avoir de regret…

-Je…j’ai peur, finit-il par avouer d’une petite voix sans oser encore regarder son interlocuteur en face. J’ai peur de ce que je peux commencer à ressentir, expliqua-t-il finalement. J’ai peur, parce que quand tu m’as embrassé, j’ai vraiment aimé ça, et que je ne sais même pas ce que ça veut dire, continua-t-il en rougissant légèrement. J’ai peur parce que j’ai envie que tu recommences. Et j’ai peur parce que j’ai pas envie de te perdre…

Il l’avait dit, bordel il l’avait dit ! Et ça le tuait autant que ça lui faisait du bien –parce qu’il avait besoin d’en parler, de lui en parler. Après une nouvelle inspiration, il finit néanmoins par relever la tête et observer San-chan, voir sa réaction. Allait-il le détester pour ça ? Il n’en savait rien.

Malgré tout, il se leva du mur, poussé par une force invisible, et se rapprocha un peu de Bandō, s’arrêtant devant lui. il y avait encore une dernière chose qu’il voulait savoir, dont il voulait être sûr.

-Dis San-chan, est-ce que je t’ai manqué pendant une semaine ? lui demanda-t-il tout bas. Parce toi tu vois, tu m’as vraiment manqué…, déclara-t-il finalement.

C'est... rassurant, en quelques sortes. De le voir sourire un peu plus franchement. Même si là, moi, j'en ai pas trop envie - juste un rictus agacé. Un certain réflexe habituel qui se déclenche quand il fait ce genre de tête, justement. Pas que je n'aime pas le voir sourire, non - enfin... si. Si, ce serait presque ça. Mais juste qu'il balance son grand sourire à toutes les occasions, à toutes les sauces.

« T’as toujours été plus doué que moi. »

Plus doué en quoi ? Je joue un instant avec ma langue, sans cesser de le regarder - et apparemment, il va dire un truc. Important ?

« Je…j’ai peur »

Peur ? Je me mords la lèvre, avant de croiser les bras. Bon, apparemment...

« J’ai peur de ce que je peux commencer à ressentir. J’ai peur, parce que quand tu m’as embrassé, j’ai vraiment aimé ça, et que je ne sais même pas ce que ça veut dire. »

... il a aimé ? Je serre les dents, gêné. Apparemment, je ne suis pas le seul, au final ? Du moins...

« J’ai peur parce que j’ai envie que tu recommences. Et j’ai peur parce que j’ai pas envie de te perdre…

Hum, ça fait un peu trop d'informations à la fois, là. Et je détourne le regard pour éviter de croiser le sien, mal à l'aise. Parce que si lui a des rougeurs sur les joues, je ne dois pas être forcément mieux - surtout cette sensation de chaleur qui me monte au visage.

Donc il... il souhaiterait que je recommence ? A l'embrasser ? Je passe une main sur mes lèvres, ressentant une pointe de nervosité venir me grignoter. Avant de me tourner vers lui, le sentant s'approcher de moi. Sincèrement... qu'est-ce que je suis censé faire, là ? Quoi que, merci pour Dieu, il ne veut que me parler, pour le coup - j'sais pas, j'avais peur que ça fasse comme dans les films, ou l'autre est censé répondre par un fameux baiser. Oui, j'ai bien envie de regoûter à ses lèvres de nouveau - soyons poétique - mais... non, pas tout de suite. Et encore moins aux toilettes. Et pas dans ces conditions là.

« Dis San-chan, est-ce que je t’ai manqué pendant une semaine ? Parce toi tu vois, tu m’as vraiment manqué… »

... pourquoi il me dit ça, au juste ? J'ai une grimace gênée, avant de lui enfoncer la casquette jusqu'au nez.

« J't'ai dit que j'voulais pisser, alors lâche-moi, » je grogne, pour m'écarter de lui, et me diriger vers des toilettes. Et soulager mon innocente vessie qui n'a rien demandé - non, parce que, sincèrement, cette organe n'a pas de chance. Quoi que, le pire ça doit être pour les intesti-- hum, à quoi je pense, hein ?

Et une fois terminé, je range ma petite affaire pour aller me laver les mains. Ouais, bon, Shōhei m'a peut-être entendu pisser, mais merde hein, c'est naturel, et lui aussi, il doit pisser. J'espère. ... hein ?

« Et nan, j'dirais que ça m'a fait des vacances, » je lâche, m'essuyant sur le pantalon - y'avait une serviette à côté, vous m'direz, mais... « T'avais un truc à faire, aux toilettes ? Ou on peut sortir ? » je demande, gardant une petite distance de sécurité avec lui. Juste par simple... simple manière pour être plus à l'aise. J'en sais rien. C'est pas comme si je me collais à lui, habituellement - du moins, moi. Parce que, lui... hum. « Sinon, pour... pour fêter ton... rétablissement - » Bouuh que ce mot est mal passé ! « - tu veux peut-être sortir quelque part ? Les autres sont sortis j'sais pas où, et Yata, j'ai pas envie de voir sa tronche. »

Et à la limite, on pourrait se trouver un coin tranquille pour mieux discuter de notre situation. Maaais comme si j'allais dire ça, moi ! Non, je ne dis rien. De toute manière, je n'ai pas trop envie de lui en parler. Même si ses... ses révélations ne m'ont pas laissé indifférent. Mais bon. C'est pas une chose dont on peut discuter aussi naturellement que l'on parle d'un plat de nouille au poulet.

« Sauf si tu veux rester ici. »

Après tout, on est bien, sur le canapé... même si le problème reste Izum-- ... ah, mais à quoi je pense, au juste ? Ici ou ailleurs, je... je vais rien du tout ! Je me détourne, me sentant rougir, avant de sortir des toilettes - parce que comme j'ai dit, ça sert à rien d'y rester inutilement. C'est pas le meilleur endroit pour être.

Spoiler:

Ok, alors pour un râteau, c’était un magnifique râteau qu’il venait de prendre en pleine face, et qui le laissa…légèrement froid. Non parce que vraiment se genre de vent il s’en serait vraiment passer. Et c’était en fait la première fois qu’il ressentait une certaine colère vis-à-vis de San-chan. Parce qu’il aurait bien voulut avoir une réponse lui, quitte même à ce qu’il se prenne une baffe en pleine gueule, mais au moins il aurait sut à quoi s’en tenir. Alors que là…il hésitait de nouveau entre profiter du fait que Bandō était en train de pisser pour se barrer de nouveau, ou attendre patiemment pour lui foutre son poing dans la gueule.

Mais au final, il ne fit rien de tout cela, et alla simplement se passer de l’eau sur le visage pour se réveiller un peu et se remettre. Puis il laissa la place à son ami pour qu’il puisse se laver les mains et commença à se diriger vers la sortie. Mais la voix du brun l’arrêta et il se tourna vers lui, écoutant la proposition qu’il lui faisait. Et cette sorte de distance qu’il mettait entre eux, ça lui fit encore plus mal que s’il lui avait demandé d’aller voir ailleurs s’il y était. Est-ce que ça allait être ça leur relation maintenant ?

Sortir…oui ça lui ferait sans doute du bien, il pourrait respirer le grand air, reprendre ses esprits et la maîtrise de lui-même. Mais il ne répondit pas de suite et observa San-chan passer devant lui pour sortir des toilettes. Il ne le suivit pas de suite, respirant et expirant plusieurs fois pour calmer son cœur alarmé. Et une fois qu’il se sentait assez de courage, il sortit à son tour, un sourire collé au visage. Le même genre de sourire qu’il servait à foison, même s’il était peut-être un peu moins enthousiaste que d’habitude, un chouilla crispé aussi. Mais il supposait qu’on pouvait mettre ça sur sa semaine de merde.

Puisque que San-chan ne semblait pas décider à éclaircir quoique ce soit, alors il ferait comme si rien ne c’était passé. Du moins c’était ainsi qu’il avait interprété le message. Ça serait dur, mais il ferait avec. Il finirait bien par s’y faire de toute façon ; on disait que le temps arrangeait bien des blessures. Il espérait juste que cela en soi de même pour celles du cœur…

Shōhei se dirigea alors vers la sortie du bar, s’arrêtant néanmoins à mi-chemin, il se tourna vers son ami d’enfance.

-J’pensais aller marcher un peu, dit-il d‘une voix aussi enjoué et naturelle que possible. Ça te dit de venir avec moi San-chan ? lui proposa-t-il. A moins que t’ai autre chose à faire ? lui demanda-t-il.

Il attendrait alors simplement sa réponse. Et croyez bien, qu’elle soit positive ou négative, le résultat resterait le même : il finirait par sortir du bar, et irait sans doute se paumer en ville pour une partie de la journée, histoire de remettre ses idées au claires, parce que là vraiment ça le faisait pas…

Semaine de merde…journée de merde…vie de merde…et cœur de merde !